Syrie : Le président Macron affirme que le départ de Bachar el-Assad n’est plus une priorité pour la France

Il y a encore quelques semaines, pour la France, il ne pouvait pas y avoir de transition politique en Syrie si le président Bachar el-Assad faisait partie de l’équation. En août 2015, le président Hollande avait fixé les conditions pour tenter de mettre un terme à la guerre civile syrienne tout en combattant les organisations jihadistes.

« Nous devons réduire les emprises terroristes sans préserver Assad, car les deux ont parties liées et en même temps, il nous faut chercher une transition politique en Syrie. C’est une nécessité », avait en effet affirmé le président Hollande.

En clair, il lui paraissait nécessaire de « neutraliser » Assad mais en préservant les « structures étatiques et l’unité de la Syrie », avec des « garanties solides » données « à toutes les forces de l’opposition modérée, notamment sunnites et kurdes. » Enfin, M. Hollande estimait aussi qu’il fallait « mêler toutes les parties prenantes à la solution », c’est à dire les monarchies du Golfe et l’Iran.

La raison de cette intransigeance à l’égard de l’actuel président syrien avait été donnée quelques semaines plus tôt par Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères, lors d’une audition parlementaire. « Ce serait une énorme faute de mettre en avant Bachar al-Assad comme perspective pour la Syrie » car « laisser entendre » qu’il « pourrait devenir notre représentant constituerait le meilleur argument que nous puissions fournir à Daesh (État islamique ou EI). Si nous agissons ainsi, tous les Sunnites ou presque, sans parler des autres, basculeront de ce côté. »

Mais, avec l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, la position française va évoluer. Mieux même : le nouveau président a même parlé d’un « vrai aggiornamento » sur cette question, dans un entretien publié ce 22 juin par 8 quotidiens européens (dont le Figaro).

« Sur ce sujet, ma conviction profonde est qu’il faut une feuille de route diplomatique et politique. On ne réglera pas la question uniquement avec un dispositif militaire. C’est l’erreur que nous avons collectivement commise », a dit M. Macron. Et de préciser : « Je n’ai pas énoncé que la destitution de Bachar était un préalable à tout. Car personne ne m’a présenté son successeur légitime! », a-t-il lancé.

Sur le dossier syrien, M. Macron a donné des « lignes claires ». La priorité est donnée à « la lutte absolue contre tous les groupes terroristes » car « ce sont eux, nos ennemis » et parce que « c’est dans cette région qu’ont été fomentés les attentats terroristes et que se nourrit l’un des foyers du terrorisme islamiste. » Pour cela, le locataire de l’Élysée estime qu’il faut la « coopération de tous pour les éradiquer, en particulier de la Russie. »

Ensuite, M. Macron veut la stabilité de la Syrie car il ne veut pas d’une « État failli ». « Avec moi, ce sera la fin d’une forme de néoconservatisme importée en France depuis 10 ans. La démocratie ne se fait pas depuis l’extérieur à l’insu des peuples », a-t-il dit, en égratignant, au passage, l’intervention militaire menée en Libye en 2011. En outre, cette stabilité passera par « un respect des minorités » syriennes/

Le troisième point développé par M. Macron porte sur les « lignes rouges » que sont l’utilisation d’armes chimiques et les accès humanitaires. « Je l’ai clairement dit à Vladimir Poutine, je serai intraitable sur ces sujets », a-t-il assuré. « Et donc, l’utilisation d’armes chimiques donnera lieu à des répliques, y compris de la France seule. La France sera d’ailleurs à cet égard parfaitement alignée avec les États-Unis », a-t-il poursuivi.

S’agissant de ces « lignes rouges », M. Macron a fait valoir que « si vous ne savez pas les faire respecter, vous décidez d’être faible. Ce n’est pas mon choix ». Et d’insister : « S’il est avéré que des armes chimiques sont utilisées sur le terrain et que nous savons en retracer la provenance, alors la France procédera à des frappes pour détruire les stocks d’armes chimiques identifiés ». Ce qui tranche avec les propos tenus par son prédécesseur, qui parlait de « punir » Bachar el-Assad.

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