Relancer la production du F-22 Raptor coûterait 50 milliards de dollars

En 2009, l’administration américaine décida d’arrêter la production de l’avion de combat de 5e génération F-22 « Raptor » en raison de son coût élevé (le président Obama alla jusqu’à parler de « gaspillage d’argent inexcusable ») et de son apparente inadéquation avec les engagements militaires des États-Unis. En d’autres termes, cet appareil de supériorité aérienne appartenait à une autre époque, celle de la Guerre Froide. Et puis il fallait bien trouver des fonds pour financer le F-35 « Lightning II »…

Seulement, cette décision, si elle pouvait passer pour raisonnable à première vue, n’aura sans doute pas été des plus pertinentes. En matière de politique internationale, ce qui était vrai hier ne l’est peut-être plus aujourd’hui mais le sera sans doute à nouveau demain.

Et depuis 2009, le contexte a évolué dans un sens que beaucoup n’ont pas vu venir. La menace dite de « la force » a fait son retour (mais elle n’était pas vraiment très loin), des États cherchent à afficher leur puissance et des tensions liées à des différents territoriaux s’accentuent. Qui plus est, plusieurs pays ont lancé des programmes d’avions de 5e génération, dont la Russie, la Chine et même le Japon (on fera grâce du Qaher 313, qualifié de « Stealth iranien à roulettes » dans le dernier numéro d’Air Fan).

En outre, le F-22 Raptor, qui a connu son baptême du feu contre l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie après avoir vu ses capacités évoluer (notamment pour les frappes au sol), a montré des aptitudes et une efficacité allant au-délà des espérances de l’US Air Force.

Aussi, certains se demandent, outre-Atlantique, s’il ne faudrait pas relancer la production de cet appareil, ce qui serait techniquement possible. À cette fin, le comité des Forces armées de la Chambre des représentants (HASC, House Armed Services Committee) a demandé, en avril 2016, une étude sur les modalités et les coûts d’une telle mesure. Pour rappel, l’US Air Force dispose actuellement d’un peu plus de 180 F-22 Raptor, alors qu’il était initialement prévu de lui en livrer 750 puis 350.

Un peu plus d’un an plus tard, et alors que les élections de novembre dernier ont modifié le rapport de force au Congrès, cette étude a fini par arriver sur le bureau de Mac Thornberry, le président du comité des Forces armées.

« Je peux confirmer que nous avons reçu le rapport et l’examinons », a déclaré, Barron Youngsmith, le porte-parole du HASC. Mais il a décliné tout commentaire, étant donné que ce document est « classifié ».

Cela étant, classifié ou pas, certains chiffres de cette étude ont fait l’objet de fuites dans la presse. Et, à première vue, ils ne plaident pas pour une reprise de la production du F-22 Raptor…

Ainsi, selon Military.com et The Washington Examiner, il en coûterait environ 50 milliards de dollars pour doter l’US Air Force de 194 F-22 Raptor supplémentaires (et porter la flotte à 350 exemplaires).

Dans le détail, il faudrait près de 10 milliards de dollars pour couvrir les coûts de redémarrage et un peu plus de 40 milliards pour acquérir les avions. Et cela, à condition d’assembler des Raptor selon les plans des années 1990… Sinon, il faudrait ajouter des frais de recherche et développement supplémentaires. Aussi, le rapport plaide pour affecter des ressources programme « Air Superiority 2030 Flight Plan« , dont l’ambition est de « promouvoir les avions de combat, les capteurs et les armes avancés dans un environnement de menaces croissantes et imprévisibles. »

Qui plus est, les lignes d’assemblage utilisées pour le F-22 servent maintenant à produire les F-35. Du coup, relancer la production du Raptor compliquerait celle des Lightning II, à moins de construire une nouvelle usine.

Cela étant, il reviendra au Congrès de trancher. Peu avant de quitter ses fonctions de chef d’état-major de l’US Air Force, le général Mark Welsh avait estimé que l’idée de reprendre la production du F-22 n’était « pas farfelue » au regard de ses « capacités exceptionnelles » et de son « potentiel vraiment remarquable. » Et pour financer cette mesure, il avait estimé qu’il valait mieux produire des Raptor modernisés que de lancer un programme d’avion de 6e génération, comme le Pentagone compte le faire.

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