Le déploiement de la force conjointe G5 Sahel accueilli avec « satisfaction » par une résolution de l’ONU

La France et les États-Unis n’étaient pas d’accord sur la façon de soutenir la force anti-jihadiste conjointe que les pays du G5 Sahel (Tchad, Mali, Mauritanie, Niger et Burkina Faso) entendent mettre sur pied avec un effectif d’au moins 5.000 hommes. Et, visiblement, les seconds ont fini par imposer leur point de vue.

En effet, la France avait proposé un projet de résolution visant à autoriser cette force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S], dont l’état-major sera installé au Mali et pour laquelle l’Union européenne a débloqué une enveloppe de 50 millions d’euros, à utiliser « tous les moyens nécessaires » pour « combattre le terrorisme, le trafic de drogue et le trafic de personnes. » En outre, il était question de la placer sous un mandat des Nations unies.

Seulement, les États-Unis étaient réticents à voter en faveur de ce projet de résolution dans la mesure où, selon eux, il manquait de précision. « Nous trouvons le mandat de cette force beaucoup trop large, manquant de précision », avait expliqué un diplomate américain à l’AFP. Et autoriser l’usage de la force pour une « large palette d’activités » pouvait créer un « dangereux précident », avait-il ajouté.

Aussi, pourtant favorable au déploiement de cette force conjointe du G5 Saheh, la diplomatie américaine estimait qu’une simple déclaration suffisait pour lui témoigner le soutien du Conseil de sécurité.

Mais la France, qui tenait à cette résolution, a donc dû amender son projet. Par exemple, l’idée de confier au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le soin d’établir un rapport portant sur le soutien logistique et financier à apporter à la force conjointe du G5 Sahel est passée à la trappe. Même chose pour celle consistant à invoquer le Chapitre 7 de la charte de l’ONU, qui autorise l’utilisation de la force.

Et c’est à ce prix que les États-Unis ont finalement accepté de voter une résolution qui « accueille avec satisfaction » le déploiement de la FC-G5S tout en saluant l’engagement du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Tchad et du Burkina Faso.

En clair, cette force conjointe n’aura pas de mandat des Nations unies, mais le soutien du Conseil de sécurité, lequel a voté cette résolution à l’unanimité.

« Cette résolution enverra le message fort, très fort, que le Conseil de sécurité est uni et ferme face au terrorisme dans le Sahel », avait estimé, peu avant le vote, François Delattre, l’ambassadeur français auprès des Nations unies, estimant qu’une « telle mission était plus que jamais nécessaire dans cette région. »

« Nous sommes satisfaits d’être parvenus à un accord avec nos amis français », a commenté un porte-parole de la diplomatie américaine. « Le résultat est une résolution saluant le déploiement de troupes venant de cinq pays pour combattre le terrorisme qui a causé tant de souffrances dans la région », a-t-il ajouté.

Quant au financement de la FC-G5S, qui était l’un des points pouvant expliquer les réticences américaines, il n’est pas encore tout à fait réglé. « Je lance un appel pour un soutien accru et important de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux pour mobiliser les moyens nécessaires afin que la force soit opérationnelle et efficace », a déclaré Issa Konfourou, l’ambassadeur du Mali auprès de l’ONU.

Sur ce point, la résolution souligne qu’il « incombe aux États du G5 Sahel de donner à la FC-G5S les ressources dont elle a besoin » et demande au secrétaire général de fournir au Consel de sécurité un rapport sur les « les problèmes rencontrés et d’autres mesures qui pourraient être envisagées, ainsi que les moyens d’atténuer les retombées négatives que pourraient avoir ses opérations militaires sur la population civile, notamment les femmes et les enfant. »

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