L’État islamique a pris le contrôle des grottes de Tora Bora, dans l’est de l’Afghanistan

En décembre 2001, les montagnes de Tora Bora, région située dans la province de Nagarhar, à la frontière avec le Pakistan, avait été le théâtre d’une bataille menée par l’Alliance du Nord du feu commandant Massoud et des forces spéciales américaines (TF-11) et britanniques.

Au bout de quelques semaines, et avec un appui aérien, environ 200 combattants d’al-Qaïda – sur 300 supposés y être présents – furent tués. Cependant, le succès ne fut pas total étant donné que leur chef, Oussama Ben Laden, avait réussi à s’échapper vers les zones tribales pakistanaises.

Plus de 15 ans plus tard, cette région pleine de grottes difficile d’accès est devenue un fief du mouvement taleb afghan. Du moins jusqu’à ce jour. En effet, la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique (province de Khorasan ou EI-K), vient de l’en chasser à l’issue d’une offensive lancée le 14 juin au matin.

« Les combattants de Daesh sont arrivés en grand nombre tôt mercredi matin [14/06] par la montagne pour lancer l’assaut contre Tora Bora. Les taliban n’ont pas résisté », a en effet affirmé un habitant, cité par l’AFP.

Un autre témoin a précisé que les assaillants sont arrivés « des districts d’Achin [fief de l’EI-K], d’Haska Mina et de Pachir Agam ». Et d’ajouter : « Tora Bora menaçait de tomber depuis un moment, malheureusement vous ne voyez que des taliban ou Daesh dans cette zone, il n’y a aucun contrôle gouvernemental. »

« La zone de Tora Bora dans le district de Pachir Agam est tombée aux mains des combattants de Daesh », a confirmé Ataullah Khogyani, un porte-parole du gouverneur de la province de Nangarhar. « Les forces de sécurité, l’armée, la police locale et des habitants en colère ont lancé une opération pour reprendre Tora Bora la nuit dernière, mais ils ne peuvent pas mener d’opération au sol dans cette zone montagneuse, pleine de grottes. Et il y a toujours de nombreux combattants taliban par là-bas », a-t-il continué.

Seulement, un porte-parole du mouvement taleb, Zabihullah Mujahid, a dit à peu près la même chose. « Nous avons essayé de résister mais nous avons échoué », a-t-il dit. « Avec les habitants, nous planifions une opération pour reprendre Tora Bora », a-t-il prétendu.

D’autres témoins contestent la version donnée par le cadre taleb sur la résistance opposée à leurs rivaux jihadistes. « Les taliban se sont enfuis quand les combattants de Daesh ont lancé leur offensive. Ils nous ont laissés seuls avec les femmes et les enfants, nous sommes des centaines de familles à nous être échappés quand Daesh est arrivé », a confié, à l’AFP, un responsable tribal. En tout cas, ce témoignage montre que les habitants de cette zone comptent plus sur les taliban que sur les forces afghanes pour les protéger de l’EI-K.

Cette prise de Tora Bora par l’EI-K intervient deux mois après le largage de la « mère de toutes les bombes » (GBU-43/B ou Massive Ordnance Air Blast Bomb – MOAB) par MC-130 de l’US Air Force Special Operations Command sur un complexe « de grottes et de tunnels » occupé par les jihadistes dans le district d’Achin (Nangarhar). Cette frappe avait 96 tués dans leurs rangs.

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