Les forces américaines ont augmenté leur puissance de feu dans le sud de la Syrie

La semaine passée, après plusieurs incidents ayant opposé les forces américaines de la coalition anti-jihadiste et les troupes gouvernementales syriennes dans le secteur d’At-Tanf, près de la Jordanie et de l’Irak, Washington a salué l’action de la Russie pour réduire les tensions.

« La Russie est très utile et le calme que nous observons aujourd’hui est largement dû à ses interventions », a en effet affirmé le capitaine de vaisseau Jeff Davis, un porte-parole du Pentagone. « Ils essaient de contacter les autres parties, celles qui sont pro-régime, les milices pro-iraniennes, de faire ce qu’il faut et de les empêcher de mener des actions déstabilisatrices », a-t-il expliqué. Et d’insister : « Les Russes « ont aidé à faire passer les messages et à calmer la situation là-bas et nous espérons que cela va continuer. »

Ces propos ont été tenus alors qu’un F-15 de l’US Air Force venait d’abattre un drone ayant largué une munition sur les forces de la coalition présentes à At-Tanf afin d’y encadrer une faction de l’Armée syrienne libre (ASL) engagée dans les combats contre l’État islamique (EI ou Daesh). Peu avant, le Hezbollah, la milice chiite libanaise, avait menacé de s’en prendre aux troupes américaines si ces dernières franchissaient la « ligne rouge ».

Pour rappel, une zone de « déconfliction » a été instaurée par la coalition dans une rayon de 55 km autour d’At-Tanf. Ce qui veut dire que chaque mouvement des forces pro-Damas dans ce périmètre est considéré comme un menace. Or, pour le régime syrien, l’axe Damas-Bagdad est stratégique. Et son objectif est d’occuper les positions laissées par Daesh avant les rebelles soutenus par la coalition, et plus particulièrement les États-Unis.

Cela étant, le 9 juin, les troupes syriennes et les milices chiites qui les accompagnent ont été signalées à la frontière irakienne à environ 70 km au nord-est d’At-Tanf.

« Les actions des forces prorégime près (des positions) de la coalition et de ses partenaires (…) continuent de nous préoccuper et nous prendront les mesures appropriées pour protéger » nos forces, avait alors commenté le commandement de l’opération Inherent Resolve [nom de la coalition, ndlr].

Et c’est dans ce cadre que, d’après CNN, qui en a eu la confirmation auprès de trois responsables du Pentagone, les forces américaines ont déplacé dans la région d’At Tanf un lance-roquette multiples M142 HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System), jusqu’alors déployé en Jordanie.

Conçu par Lockheed-Martin, le M142 HIMARS peut tirer des roquettes GMLRS guidée par GPS sur des cibles situées à 70 km de distance ou bien des missiles TACMS d’une portée de 300 km. Ce système a déjà été utilisé depuis la Jordanie et la Turquie pour frapper des positions de Daesh en Syrie, notamment en mars 2016, dans les environs At-Tanf, afin d’y appuyer un assaut des rebelles syriens contre les jihadistes.

Un responsable du Pentagone a précisé à CNN que l’envoi de ce M142 HIMARS dans le sud de la Syrie était une réponse au déploiement, par les forces syriennes, de moyens d’artillerie aux abords du périmètres de la zone de « déconfliction » instaurée autour d’At-Tanf.

En revanche, un porte-parole de la coalition, le colonel Ryan Dillon, a démenti une information selon laquelle les forces américaines auraient ouvert une seconde base dans le sud de la Syrie, précisément à Zakf, à 60-70 km au nord-est d’at-Tanf.

« Nous avons une garnison à at-Tanf, qui est une base temporaire et un lieu où nous entraînons des forces alliées à combattre l’EI, mais il s’agit de la seule base dans le sud de la Syrie, le seul endroit où sont stationnées des troupes de la coalition », a assuré le colonel Dillon. Toutefois, a-t-il admis, « les forces de la coalition mènent parfois des patrouilles et entraînent des rebelles, dans les environs d’at-Tanf, pour des durées allant de plusieurs jours à plusieurs semaines. »

Quoi qu’il en soit, le déploiement de ce système HIMARS bat un peu plus en brèche l’idée selon laquelle il n’y aurait que des forces spéciales de la coalition présentes en Syrie. En mars, il avait d’ailleurs été annoncé l’envoi d’une batterie de canons M777 howitzer de 155 mm, mis en oeuvre par l’US Marine Corps, afin d’appuyer les Forces démocratiques syriennes (FDS) dans la région de Raqqa, fief de l’EI.

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