Les forces spéciales américaines appuient les militaires philippins pour reprendre Marawi à l’EI

Le 22 mai dernier, la tentative des forces de sécurité philippines pour arrêter, à Marawi, Isnilon Totoni Hapilon, le chef du groupe Abu Sayyaf, rallié à l’État islamique (EI) tourna court : la ville, située sur l’île de Mindanao (sud) fut submergée par des centaines de jihadistes qui en prirent partiellement le contrôle. Et, depuis, les combats font toujours rage.

Selon un bilan donné par l’état-major philippin, 58 soldats ont perdu la vie durant les deux dernières semaines, dont 13 Marines pour la seule journée du 9 juin. En outre, les forces armées du pays ont déploré la perte de plusieurs de leurs hommes lors d’une frappe aérienne conduite par erreur. Selon Manille, 138 jihadistes ont été tués depuis le début des combats.

La reprise de Marawi est compliquée dans la mesure où les jihadistes se sont retranchés dans des tunnels et des caves. En outre, selon le chef d’état-major philippin, le général Eduardo Ano, ces derniers, notamment ceux du groupe des frères Maute; également affilié à l’EI et allié d’Abu Sayyaf, ont bénéficié de la complicité au sein de la classe politique locale.

« C’est une combinaison d’hommes politiques, de citoyens et de membres du groupe Maute », a en effet affirmé, cette semaine, le général Ano, au sujet d’une liste d’environ 200 personnes recherchées pour complicité.

C’est ainsi que l’ancien maire de Marawi, Fahad Salic, a été arrêté le 7 juin pour cette raison. « Avant même la crise de Marawi, des informations circulaient sur le fait que c’était un fervent partisan. Il a fourni logistique et financements durant les premières années de ce groupe Maute-EI », a expliqué général Gilbert Gapay, le porte-parole régional de l’armée.

Cela étant, les forces philippines ne sont pas les seules à être engagées contre l’EI à Marawi. Depuis 2002, elles peuvent compter sur l’appui de « conseillers » militaires américains, lesquels leur apportent une aide depuis debut de la crise. Cette information a été donnée par l’ambassade des États-Unis à Manille, avant d’être confirmée par l’état-major philippin. En outre, un avion de patrouille maritime P3C Orion de l’US Navy a survolé l’île de Mindanao le 9 juin.

Cela étant, ces conseillers militaires, qui appartiennent aux forces spéciales américaines, n’apportent qu’un « soutien technique » aux troupes philippines, c’est à dire qu’ils ne sont pas engagés dans les combats.

Pourtant, en septembre 2016, le président philippin, Rodrigo Duterte, partisan d’un rapprochement de son pays avec la Chine et la Russie, avait affirmé vouloir le départ des conseillers militaires américains, au motif que l’alignement de Manille sur l’Occident était « la cause de l’insurrection musulmane persistante dans le sud ».

Seulement, le Pentagone ne reçut aucune demande de la part de l’exécutif philippin pour retirer son détachement fort de 200 militaires. « Nous continuerons à avoir des consultations avec nos partenaires philippins pour adapter de manière appropriée notre assistance à l’approche adoptée » par les autorités de Manille « quelle qu’elle soit », avait expliqué, à l’époque, un porte-parole.

Comme d’autres parties du monde (Afrique du Nord et Afghanistan en particulier), l’Asie du Sud-Est semble être un objectif prioritaire pour l’EI, en difficulté en Syrie et en Irak. Un rapport des Nations unies, remis en janvier 2017, avait d’ailleurs prévenu que la situation dans le sud des Philippines risquait de se dégrader rapidement.

« La situation en Asie du Sud-Est demeure très préoccupante car l’EI considère que cette région, en particulier le sud des Philippines, pourrait constituer une autre zone d’opérations. Bien qu’au moment de la rédaction du présent rapport, l’EI n’ait pas officiellement proclamé de ‘wilaya’ en Asie du Sud-Est, Isnilon Totoni Hapilon a été nommé ‘émir’ de l’EI aux Philippines », pouvait-on lire dans ce document, lequel ajoutait : « D’après un État membre, la diffusion par ce groupe d’une propagande adaptée à la région indique que l’EI cherche à intensifier ses activités de recrutement et à renforcer l’attrait qu’il exerce auprès de ses sympathisants en Asie du Sud-Est. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]