Coalition anti-EI : L’aviation allemande est sur le point de quitter la base turque d’Incirlik pour la Jordanie
Parce que Berlin a donné l’asile politique à des militaires turcs soupçonnés d’être liés au coup d’État manqué du 15 juillet 2016, Ankara interdit aux parlementaires allemands de se rendre sur la base d’Incirlik où sont actuellement déployés 6 avions de reconnaissance Tornado ECR et un ravitailler A-310 MRTT de la Luftwaffe, dans le cadre de la coalition anti-État islamique (EI ou Daesh) dirigée par les États-Unis.
Cette décision, prise par les autorités turques à la mi-mai, a été confirmée par le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, lors d’une conférence de presse donnée le 4 juin aux côtés de Sigmar Gabriel, son homologue allemand.
« À l’heure actuelle, il est possible [aux Allemands] de visiter la base de l’Otan à Konya, mais pas celle d’Incirlik », a en effet déclaré M. Cavusoglu.
« La Turquie doit comprendre que, dans cette situation, nous devons retirer nos soldats. Le Bundestag va demander au gouvernement de trouver une autre affectation pour les soldats allemands d’Incirlik », a répondu M. Gabriel.
Cela étant, le ministère allemand de la Défense avait déjà fait savoir qu’il envisageait de redéployer le détachement de la Luftwaffe en Jordanie. Et tout est prêt pour ce transfert.
« Il est inacceptable que nos députés ne puissent visiter les soldats », a réagi Ursula von der Leyen, la ministre allemande de la Défense, après ce nouvel échec des discussions diplomatiques sur ce sujet. « Nous sommes prêts à un transfert », a-t-elle ajouté, avant de rappeler qu’une solution « alternative et comparable » avait été trouvée avec la base aérienne Mufaq Salti, située près d’Azraq, en Jordanie.
Le feu vert à ce transfert doit être donné lors du prochain Conseil des ministres. Il s’agira de déplacer 280 aviateurs ainsi que 10.000 tonnes de matériels, réparties dans environ 200 conteneurs. Seulement, cela supposera une interruption de la participation allemande aux opérations de la coalition anti-EI.
D’après Mme von der Leyen, la reprise des vols de l’avion ravitailleur A310 MRTT pourrait reprendre dans « les deux ou trois semaines ». Le délai pour les Tornado ECR serait en revanche beaucoup plus long puisqu’il est question d’un délai de « deux à trois mois », ce qui paraît excessivement long.
« Si ce transfert est bien préparé, avec le soutien total de nos partenaires sur la base jordanienne, l’absence de l’Allemagne [au sein de la coalition] se fera sentir pendant plusieurs jours ou une semaine », avait en effet assuré le commandant Rayk Hähnlein, expert de l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité, auprès de Deutsche Welle, en mai dernier.
La base jordanienne où le détachement allemand devrait très probablement se redéployer est déjà occupée par les F-16 belges. Normalement, il est prévu que la mission de ces derniers prenne fin d’ici le 1er juillet prochain. Mais la coalition anti-EI a demandé à Bruxelles de la prolonger.
Pour rappel, les Rafale de l’opération française Chammal ont été déployés sur la base aérienne « Prince-Hassan » (ou H5), à une centaine de kilomètres au nord-est d’Amman.