Sahel : Qu’est devenu le chef jihadiste Mokthar Belmokhtar?

Dans la nuit du 14 au 15 novembre 2016, sur la base de renseignements américains, un raid aérien, probablement français, était mené près d’Al Qarda al-Shati, localité libyenne située à 70 km au nord de Sebha, la capitale du Fezzan. La cible n’était autre que Mokthar Belmokhtar (alias « le Borgne »), « émir » du groupe jihadiste « Al-Mourabitoune », revenu dans le giron d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) quelques mois plus tôt.

Figure historique de la mouvance jihadiste au Sahel, Belmokhtar, vétéran d’Afghanistan, était passé par les rangs du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui prendra plus tard le nom d’AQMI. Puis il fonda son propre groupe, appelé « Les signataires par le sang », responsable de l’attaque du site gazier algérien d’In Amenas, en janvier 2013.

À l’issue de l’opération Serval, menée par la France au Mali, Belmokhtar s’allia au Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) pour créer « Al-Mourabitoune ». Cette organisation sera à l’origine de nombreuses attaques, tant au Mali qu’au Niger et même en Côte d’Ivoire. Aussi, au même titre qu’Abou Zeid, l’un des principaux chefs d’AQMI tué en mars 2013 au Mali, Belmokhtar figurait sur la liste des cibles de haute valeur des forces françaises.

Le raid aérien effectué en novembre dernier par deux Rafale français, assistés par un drone RQ-4 Global Hawk de l’US Air Force n’a jamais été officiellement reconnu par Paris, sans doute pour éviter des complications diplomatiques. Même chose aux États-Unis, où le Pentagone a refusé de faire le moindre commentaire.

Peu après cette frappe, Belmokhtar s’est fait très discret… S’appuyant sur des confidences faites par une source sécuritaire algérienne, le site Middle East Eye a affirmé, en décembre 2016, que le chef jihadiste aurait été sérieusement blessé au dos.

Mais il a également été avancé, notamment par le spécialiste des réseaux jihadistes « Abou Djaffar« , toujours très pertinent, et la lettre d’informations stragiques et de défense TTU, qu’il n’aurait pas survécu au raid effectué à Al Qarda al-Shati, les deux se basant sur des sources au sein du renseignement français.

Seulement, AQMI n’a pas fait d’annonce officielle sur la mort de Belmokhtar, contrairement aux habitudes de la mouvance jihadiste, toujours prompte à saluer la mémoire de ses « martyrs ». Mieux même : de vieux textes signés de sa main, non datés, ont récemment fait leur réapparition, comme pour dire qu’il est toujours vivant.

Reste que, visiblement, Belmokhtar n’est pas en état d’assurer la direction de son groupe. En mars, quand a été officialisée la fusion des mouvements jihadistes actives dans la bande sahélo-saharienne au sein du « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans » (GSIM), il n’était pas présent sur la « photo de famille ».

Le mois dernier, le quotidien « Le Combat » en a donné la raison. Se fiant à des informations livrées par des sources sécuritaires mauritaniennes, le Conseil des notables d’Al-Mourabitoune aurait tout simplement démis Belmokhtar devant le refus de ce dernier, que l’on sait jaloux de ses prérogatives, de rejoindre le GSIM. Depuis, il aurait été remplacé par Abderrahmane al-Sanhaji, un cadre d’AQMI. À noter qu’il est aussi question de Mohamed Ould Nouini, alias Hassan Al-Ansari, l’un de ses proches lieutenants.

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