Confusion au sujet de l’intention du Canada de se procurer 18 avions F/A-18 Super Hornet

L’affaire devait être rondement menée. Afin de remédier à un possible déficit capacitaire de l’Aviation royale canadienne en raison de l’âge de ses CF-18 Hornet, Ottawa avait annoncé la tenue de discussions afin de se procurer, auprès de Boeing, 18 F/A-18 Super Hornet. Une solution « intérimaire », dans l’attente du lancement d’un appel d’offres, promis par le Premier ministre Justin Trudeau.

Seulement, en mai, Boeing a porté plainte auprès de la Commission du commerce international (ITC) des États-Unis contre son concurrent canadien Bombardier, en l’accusant d’avoir bénéficié de subventions gouvernementales, lesquelles lui aurait permis de vendre 75 avions CS Series à la compagnie Delta Airlines.

« Le Canada examine ses approvisionnements militaires actuels liés à la société Boeing » et « défendra énergiquement les intérêts de Bombardier », avait alors réagi Chrystia Freeland, la ministre canadienne des Affaires étrangères.

Sauf que cette affaire met son collègue de la Défense, Harjit Sajjan, dans une position délicate étant donné que, pour le moment, il n’y a pas de solution alternative aux F/A-18 Super Hornet.

Le 31 mai, lors d’un discours prononcé devant des dirigeants de l’industrie canadienne de l’armement, M. Sajjan a toutefois affirmé que Boeing ne se comportait pas comme « un partenaire de confiance » du Canada et demandé le retrait de sa plainte contre Bombardier.

« Nous sommes en désaccord profond avec la décision du département américain du Commerce d’envisager un recours commercial à la suite de la requête de Boeing contre Bombardier », a fait valoir le ministre canadien, sans pour autant évoquer une alternative au F/A-18 Super Hornet.

De son côté, Steven MacKinnon, le secrétaire parlementaire de la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Judy Foote, a été plus loin. « Notre partenaire, Boeing, n’agit pas comme un partenaire de confiance en ce moment. Alors, on a coupé toutes les discussions avec lui », a-t-il dit, en marge du saloin militaire CANSEC, qui a lieu actuellement à Ottawa. « Ils agissent contre les intérêts du Canada », a-t-il insisté. « Il va falloir qu’on continue d’explorer nos options », pour trouver un autre type d’appareil, a-t-il ajouté.

Peu après, le cabinet de la ministre a précisé que les propos de M. MacKinnon étaient une « figure de style » et que les discussions avec Boeing n’étaient pas suspendues.

Quant à Boeing, il n’est pas question de retirer la plainte contre Bombardier. Et de rappeler que ses activités au Canada représentent 14% de l’activité des 560 entreprises canadiennes du secteur de l’aéronautique, lesquelles lui fournissent des pièces pour ses avions commerciaux. « Le Canada est pour nous un fournisseur partenaire très apprécié », a souligné Scott Day, un porte-parole du constructeur américain.

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