Mossoul : Le bulldozer, un matériel essentiel pour les forces irakiennes engagées contre Daesh

Le mois dernier, un vidéo, vite devenue virale, montrait un VBIED (voiture piégée) conduit par un jihadiste exploser après avoir été bloquée par un bulldozer des forces irakiennes. L’on apprendra plus tard que le conducteur de l’engin, âgé de seulement 19 ans, en était sorti indemne.

Cette séquence souligne l’importance des bulldozers dans les combats qui opposent les forces irakiennes à l’État islamique à Mossoul. En effet, ces engins, des Caterpillar D7R d’origine américaine, sont chargés d’ouvrir les itinéraires dans les rues de la ville.

Outre la protection qu’ils offrent aux fantassins contre le danger des voitures piégées, ces bulldozers détruisent les défenses érigées par les jihadistes tout en déblayant les décombres des bâtiments effondrés, lesquels sont autant de positions de tir ennemies potentielles.

Une fois la voie dégagée, les chars Abrams ainsi que les véhicules blindés de type Humvee peuvent continuer leur progression. Et cela est d’autant plus essentiel que, en zone urbaine, la manoeuvre s’avère très compliquée (par exemple, il est difficile pour un véhicule encombrant de faire demi-tour).

« Il est certain que les moyens lourds du génie, de type bulldozer blindé ou engin blindé du génie, sont incontournables en très haute intensité. Parmi les techniques classiques qui reviennent avec le combat en zone urbaine, figure le ‘bréchage’, c’est-à-dire le franchissement de vive force d’un réseau d’obstacles sous le feu ennemi. Le rôle du génie dans ce type d’action est alors déterminant. Mais il faut doter les unités de moyens d’effraction modernes si elles sont amenées à combattre dans des zones industrielles ou à l’urbanisation moderne », expliquaient récemment Pierre Santoni, colonel, ancien commandant du CENZUB-94e RI, et Frédéric Chamaud, chef de bataillon, ancien instructeur au CENZUB-94e RI, coauteurs de « La ville, l’ultime champ de bataille« .

Cela étant, les bulldozers sont particulièrement exposés. En mars, lors d’une mission qui, menée par la « Golden Division » dans le quartier de Nablus, a fait l’objet d’un reportage de Régis Le Sommier et d’Alvaro Canovas pour Paris Match, les deux bulldozers qui se trouvaient en tête de convoi ont été mis hors service après avoir pris par le travers une roqette RPG.

« L’ennemi a bien compris qu’en s’attaquant aux bulldozers, c’est l’ensemble de la progression qu’il mettait en péril », ont expliqué les reporters. D’autant plus que la lenteur de ces engins, en plus de leur apparence massive, en fait des cibles de choix, les jihadistes cherchant à viser systèmatiquement leur moteur.

Selon le Washington Post, les forces irakiennes ont reçu 132 Caterpillar D7R depuis mars 2015, au titre de l’aide américaine. S’ils ont reçu un blindage supplémentaire, ces engins de 32 tonnes ne sont pas armés. La version civile de ce bulldozer vaut environ 200.000 dollars.

Quant aux pertes, il est difficile de les évaluer. Mais la police fédérale irakienne, qui en est dotée, a lancé un appel aux volontaires, après avoir perdu des « dizaines de conducteurs » au cours de la bataille.

En attendant, la progression des forces irakiennes dans le coeur historique de Mossoul est toujours ralentie par la présence d’environ 200.000 habitants n’ayant pu fuir les combats. « La présence de civils perturbe notre avance », a indiqué Yahya Rassoul, un porte-parole du Commandement conjoint des opérations (JOC). Sans cela, « nous avancerions beaucoup plus vite », a-t-il ajouté, avant de préciser que « des centaines de familles sont passées par les corridors » sécurisés.

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