Des informations sur le système antimissile THAAD ont été cachées au nouveau président sud-coréen

En juillet 2016, dans un contexte marqué par la multiplication de tirs de missiles balistiques nord-coréens, Washington et Séoul trouvèrent un accord pour déployer, en Corée du Sud, le système anti-missile THAAD (Terminal High Altitude Area Defense). Cette annonce fut vivement critiquée par la Chine et la Russie, pour qui cela risquait de porter atteinte à la crédibilité de leurs forces stratégiques respectives.

Depuis, la Corée du Nord a réalisé son cinquième essai nucléaire et ses tirs de missiles n’ont pas cessé. Et deux lanceurs du système THAAD ont été déployés dans le comté sud-coréen de Seongju, à 250 km de Séoul, avant d’être déclarés opérationnels le 2 mai dernier. Selon les termes de l’accord conclu avec les États-Unis, ce système sera « utilisé uniquement contre les menaces nucléaires et balistiques nord-coréennes une fois installé en Corée du Sud » et son contrôle relévera « exclusivement des forces américaines en Corée du Sud (USFK). »

Seulement, la donne politique a changé à Séoul. La présidente Park Geun-Hye ayant été destituée à cause d’un énorme scandale de corruption, Moon Jae-In lui a succédé. Or, ce dernier n’était pas très chaud à l’idée de voir arriver le système THAAD dans son pays, comme d’ailleurs une partie de l’opinion publique sud-coréenne.

Et, visiblement, le ministère sud-coréen de la Défense en a tenu compte… Car, si, officiellement, deux lanceurs de missiles intercepteurs du système THAAD ont été installés, il y en aurait en réalité trois fois plus. Or, le nouveau président n’avait pas été mis au courant de la présence de ces nouveaux éléments, pourtant arrivés en Corée du Sud avant son investiture.

La semaine passée, les responsables militaires sud-coréens qui ont eu une réunion avec le conseiller à la sécurité nationale de Moon Jae-In, ont « délibérément » éviter d’en faire état. « Ces éléments (…) figuraient dans le rapport original rédigé par un officier mais en ont ensuite été retirés par ses supérieurs », a expliqué Yoon Young-Chan, le porte-parole de la présidence sud-coréenne, lequel a ajouté que le rédacteurs du document en question avaient admis avoir supprimé « certains éléments clés » lors de sa « finalisation ».

La présence des quatre autres lanceurs du système THAAD a été finalement annoncée au président Moon par son ministre de la Défense, Han Min-Koo, qui ne pouvait pas faire autrement que de le lui dire. Nommé par l’ex-présidente Park, ce dernier n’a pas encore de successeur.

Cela étant, ces cachotteries sont peu compréhensibles dans la mesure où une batterie THAAD comprend six lanceurs. En tout cas, tel est le « format » d’une batterie type des unités de défense aérienne de l’US Army.

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