La Bulgarie souffle le chaud et le froid sur son intention d’acquérir des avions de combat « Gripen »

En avril 2016, le Parlement bulgare vota un plan d’investissement d’un montant de 1,2 milliards d’euros en faveur des forces armées, afin notamment d’acquérir de nouveaux avions de combat destinés à remplacer des MiG-29, dont le potentiel commençait alors sérieusement à être entamé en raison des incursions de l’aviation russe dans la zone de responsabilité aérienne de la Bulgarie et des coûts jugés prohibitifs de leur maintenance, assurée par l’entreprise russe RSK MiG.

Ce plan avait été adopté alors que Boïko Borisov était la tête d’une coalition gouvernementale dominée par le parti Gerb (« Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie »). Seulement, en novembre 2016, ce dernier démissionna après la victoire du socialiste Roumen Radev à l’élection présidentielle. Et un gouvernement intérimaire, conduit par Ognyan Guerdjikov, fut alors nommé dans l’attente du résultat de nouvelles élections législatives.

En avril dernier, ce gouvernement intérimaire annonça que Sofia comptait acquérir 8 exemplaires de l’avion de combat suédois JAS-39 Gripen et qu’une commission spéciale allait être mise en place pour négocier le contrat. Et de préciser son intention d’obtenir un accord d’ici la fin de cette année. Deux autres choix étaient possibles : l’achat de F-16 d’occasion auprès du Portugal ou bien celui d’Eurofigther de la tranche 1 ayant appartenu à la force aérienne italienne.

Était-il opportun pour le gouvernement intérimaire de M. Guerdjikov de faire une telle annonce? Car, en effet, le parti de M. Borisov était arrivé en tête des élections législatives anticipées, organisées quelques semaines plus tôt. Et il fut donc à nouveau appelé à exercer les fonctions de Premier ministre. Et, visiblement, le dossier des Gripen n’est pas prioritaire à ses yeux.

Déjà, des responsables du GERB estiment que le gouvernement intérimaire n’avait pas à engager la parole de son successeur sur ce dossier, d’autant plus qu’il s’agit d’un investissement important (plus de 860 millions de dollars) pour la Bulgarie.

« L’armée ne sera-t-elle constituée que par des avions de combat? », a ainsi demandé M. Borisov, le 26 mai, devant des journalistes. En outre, il a aussi affirmé qu’il n’avait pas eu le temps de se pencher sur le dossier de l’acquisition des Gripen et que le ministère bulgare de la Défense ne lui avait pas encore expliqué comment il avait fait pour choisir « si vite » l’appareil suédois.

« Nous allons acheter de nouveaux avions quand nous serons prêts », a lancé le Premier ministre bulgare. Et d’insister : « Les avions ne sont pas la chose la plus importante dans une armée. […] Voyons s’il est juste de prendre des avions tout de suite ou de regarder les besoins des forces terrestres, les navires… »

« Il y a un an, le président Radev, alors commandant de la force aérienne, a déclaré que les MiG devaient être réparés parce qu’ils pouvaient être utilisés jusqu’en 2028. N’est-ce pas ce qu’il a dit? », a encore affirmé M. Borisov, laissant entendre ainsi que les MiG-29 pourraient être prolongés pour une dizaine d’années supplémentaires.

Cela étant, et en dépit des déclarations de Donald Trump, le Premier ministre bulgare compte sans doute sur l’Otan pour assurer la surveillance aérienne de son pays, comme cela est déjà le cas pour les États baltes et l’Islande. Le Parlement bulgare a en effet voté une loi allant dans ce sens en février 2016. C’est ainsi que, quelques mois plus tard, deux F-15 américains ont été déployés en Bulgarie pour épauler les MiG-29 locaux.

Photo : Interception d’avions russes

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