Le président Macron confirme l’engagement militaire de la France au Mali

Pour son premier déplacement en dehors de l’Union européenne depuis son élection, le président Macron a choisi de se rendre au Mali afin d’y rencontrer les troupes françaises engagées dans l’opération anti-terroriste Barkhane. Mais avant d’aller à Gao, où est installé le Groupement tactique Désert (GTD), il a rencontré, à Bamako, Ibrahim Boubacar Keïta, son homologue malien.

À l’issue de l’entretien avec M. Keïta, le président Macron a confirmé l’engagement militaire de la France auprès du Mali et évoqué une accélération des opérations françaises contre les groupes jihadistes qui sévissent dans la bande sahélo-saharienne (BSS).

« La France est engagée depuis le début à vos côtés et ce que je suis venu ici vous dire, de manière très claire, c’est qu’elle continuera à l’être, de la même manière », a en effet assuré le président français, lors d’une conférence de presse donnée aux côtés de M. Keïta. « Il est indispensable aujourd’hui que nous accélérions », a-t-il continué. Car, a-t-il ajouté, « nous l’avons bien vu durant ces derniers mois, les terroristes islamistes s’organisent, se regroupent, sont en train de se fédérer. » Aussi, « nous serons intraitables à l’égard de ces derniers », a-t-il assuré.

En plus des opérations militaires, M. Macron a fait part de sa « volonté, dans le cadre de nos engagements en Afrique, sur le plan militaire, de faire davantage avec l’Europe », et en particulier « avec l’Allemagne ».

Vaste programme… étant donné qu’au Mali, comme le souligne Nicolas Gros-Verheyde, toujours très bien informé sur les questions de défense européenne, les « militaires européens ne sortent que très peu du camp pour patrouiller…. Trop dangereux. L’essentiel de l’action semble être de briquer les locaux impeccables pour recevoir leurs visiteurs, et de faire des selfies dans une posture guerrière, qui n’effraient personne. »

Mais le président Macron a visiblement conscience de ces limites. Cette coopération qu’il appelle de ses voeux se ferait « en regardant de façon pragmatique sous quelle forme chacun peut intervenir », avant de souligner les « contraintes » allemandes en matière de règles d’engagement.

Par ailleurs, le président français veut également une accélération du processus de paix entre les mouvements indépendantistes, essentiellement touareg, et les groupes armés pro-Bamako, l’accord signé à Alger en 2015 ayant toujours du mal à se mettre en place, même si des avancées ont récemment eu lieu avec le lancement de patrouilles mixtes. « On sait où sont les difficultés principales et ce que nous devons faire. Faisons-le sans barguigner », a-t-il lancé.

Enfin, l’action de la France ne se limitera pas qu’aux aspects militaires. Ainsi, M. Macron a dit vouloir faire preuve d’un « grand volontarisme en matière de développement » au bénéfice du Sahel, via l’Agence française de développement (AFD).

« Un peu plus de 470 millions d’euros (d’aides) on été décidés sur la zone pour les années à venir, pour accompagner cet effort militaire », a détaillé M. Macron. « Cela permettra d’investir dans l’éducation, les infrastructures, la santé », a-t-il dit. « Permettre à la population de mieux vivre (est) le meilleur antidote au développement du terrorisme islamiste », a-t-il estimé.

Sur ce dernier point, il faut être prudent. « Des travaux montrent […], à partir d’études empiriques, que les terroristes, loin d’être des individus irrationnels, pauvres et non éduqués, cherchent par le meurtre et parfois le suicide à valoriser leurs compétences (les plus éduqués sont les plus « productifs ») et à maximiser l’impact politique et médiatique de leurs actes. Plutôt que des gains matériels, ils recherchent la reconnaissance et le sentiment d’accomplissement de soi, ces « gains » étant d’autant plus élevés que la cible et les dégâts sont importants, et que le terroriste est engagé dans la cause défendue (ce qui est corrélé au niveau d’éducation) », relevait, en novembre 2015, Anne Châteauneuf-Malclès.

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