L’aviation allemande s’intéresse au F-35 Lightning II

En décembre 2015, le ministère allemand de la Défense publia un rapport qui, portant sur la « stratégie militaire aérienne », évoquait des discussions avec des partenaires européens afin de lancer le programme « Next Generation Weapon System », appelé à remplacer les chasseurs-bombardiers Panavia Tornado, actuellement en service au sein de la Luftwaffe.

Le dossier est important étant donné que ces appareils devront être remplacés vers 2025, sauf si leur durée de vie opérationnelle est étendue jusqu’en 2035. Le Royaume-Uni et l’Italie, dotés comme l’Allemagne d’avions Eurofighter Typhoon et Tornado, ont déjà anticipé le mouvement en participant au programme F-35 Lightning II, conduit par le groupe américain Lockheed-Martin.

En juin 2016, Airbus Defence & Space a fait savoir que le gouvernement allemand lui avait demandé des études afin de déterminer les caractéristiques et les capacités d’un appareil susceptible de remplacer le Tornado. Et l’industriel d’espérer une « coopération internationale » pour faire aboutir ce projet à l’horizon 2030.

Au vu des « vastes investissements » nécessaires, Dirk Hoke, le patron de la division Défense d’Airbus, a récemment estimé, dans les colonnes du quotidien économique Handelsblatt, que ce programme ne pourrait qu’aboutir « seulement dans le cadre d’une étroite collaboration européenne », en particulier entre la France et l’Allemagne.

Seulement côté français, le Rafale n’aura pas tiré sa révérence en 2025/2030 et une coopération avec le Royaume-Uni a été mise en route pour développer le Système de combat aérien futur (SCAF), qui pourrait être un drone de combat. En clair, même si le président Macron souhaite approfondir la relation franco-allemande, il n’est pas certain de voir la France s’engager dans projet « Next Generation Weapon System. »

C’est dans ce contexte que, d’après l’agence Reuters, la Luftwaffe a demandé au Pentagone des informations confidentielles sur le F-35 de Lockheed-Martin. Selon le courrier envoyé par l’état-major allemand, il est précisé que « le gouvernement n’a pas encore autorisé l’ouverture d’un marché public et qu’il n’a aucune préférence particulière pour le type d’avion susceptible d’être retenu. »

Cependant, toujours selon la même source, il est dit que le ministère allemand de la Défense procédera à « un examen approfondi des solutions disponibles sur le marché, y compris le F-35, dans le courant de l’année », avec l’intention d’émettre une « lettre d’intention ».

« Afin de bien appréhender les technologies de pointe du F-35, la Luftwaffe sollicite un compte rendu confidentiel des capacités du F-35 en général et plus particulièrement de ses suites de capteurs, de sa gestion de l’information et de ses capacités opérationnelles », est-il écrit dans cette demande évoquée par Reuters. Les données obtenues serviront ensuite à analyser les différents choix possibles.

D’un point de vue économique, il est sans doute plus pertinent d’acquérir un appareil dont la mise au point est déjà bien avancée plutôt que de partir de rien, avec des coûts de développement suscptibles de déraper. En tout cas, si Berlin retient le F-35, l’industrie aéronautique américaine aura une place prépondérante sur le marché européen de l’aviation de combat, sachant que, outre le Royaume-Uni et l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège et le Danemark ont fait le choix de l’appareil de Lockheed-Martin et que la Belgique, la Finlande, voire l’Espagne, s’interrogent. Á moins que le Rafale de Dassault Aviation et/ou le Gripen E/F de Saab viennent jouer les trouble-fêtes.

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