Un an de prison ferme requis contre un mécanicien ayant saboté un avion ravitailleur C-135FR

L’entretien « majeur » des avions de ravitaillement en vol C-135FR de l’armée de l’Air est assurée par l’entreprise Sabena Technics sur l’ancienne base de l’aéronautique navale de Nîmes-Garons. Le 12 mai 2016, il fut constaté que des câbles de l’un de ces appareils avaient été coupés. Les dégâts étaient relativement importants puisqu’il fallut un mois de travail supplémentaire pour le remettre en état.

Dans un contexte marqué par la menace terroriste, cette affaire avait de quoi susciter quelques inquiétudes. D’autant plus que les C-135FR, qui affichent plus de 50 ans de service, sont essentiels aux Forces aériennes stratégiques (FAS), c’est à dire à la composante aéroportée de la dissuasion, ainsi qu’aux capacités de projection de l’armée de l’Air.

Outre le mois de travail supplémentaire qu’il a fallu pour remettre en état l’avion saboté, deux autres C-135FR du Groupe de Ravitaillement en Vol 2/91 « Bretagne », qui étaient prêts à revenir à Istres, ont dû de nouveau être révisés afin de s’assurer qu’aucun dommage ne leur avait été infligé.

Finalement, l’auteur de ce sabotage fut identifié par les gendarmes de l’Air, grâce aux caméras de surveillance. Après avoir nié les faits pendant près d’un an, un mécanicien de Sabena Technics, âgé d’une trentaine d’année, a été renvoyé, le 15 mai, devant la chambre militaire du tribunal correctionnel de Marseille, près d’un an après les faits, pour « atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation et destruction de matériel militaire. »

Les motivations de ce technicien n’avaient rien à voir avec le terrorisme. En effet, il aurait agi pour se venger d’une décision du directeur des ressources humaines de son entreprise, ce dernier lui ayant refusé une formation « pointue ». Mais, durant l’audience, rapporte France Bleu, il a donné d’autres justifications à son acte, évoquant des « problèmes familiaux » et accusant des collègues d’avoir tenu des propos racistes à son endroit.

« J’étais très en colère après un mail de mon DRH, a-t-il expliqué à l’audience. J’ai coupé des fils, j’ai coupé des fils, j’ai coupé des fils… J’avais perdu le contrôle dans mon cerveau », s’est justifié ce mécanicien, salarié de Sabena Technics depuis 2007.

Pour les faits qui lui sont reprochés, ce technicien, licencié depuis, risque cinq ans de prison. En outre, le ministère de la Défense et Sabena Technics demandent respectivement 50.000 euros et 231.000 euros de dommages et intérêt.

Toutefois, le procureur de la République s’est montré plutôt indulgent puisqu’il a requis une peine de trois ans de prison, dont deux avec sursis. Ce qui a surpris Me Bruno Lombard, l’avocat du ministère de la Défense.

« Il n’a pas du tout pris conscience […] de la réalité des faits puisqu’il s’est ‘posé en victime’. Il a dit qu’il avait fait ça sur un coup de folie », a rappelé Me Lombard au sujet de l’accusé. « C’est la première fois que j’ai à plaider une affaire de cette nature, qui a une incrimination juridique bien particulière » puisqu’il est question « d’atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation » et « à la sécurité des forces armées par destruction de matériel. La pénalité prévue […] est de 5 ans. Le procureur a requis trois ans de prison, dont un ferme, ce qui me semble en-dessous de la gravité qu’on était en droit d’attendre d’un représentant du ministère public », a-t-il estimé sur les ondes de France bleu.

Le tribunal rendra sa décision le 19 juin prochain. En attendant, cette affaire n’a pas eu de répercussion sur la réputation de Sabena Technics. L’entreprise a obtenu un nouveau contrat portant sur la maintenance des avions ravitailleurs KDC-10 des forces aériennes néerlandaises en avril 2016.

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