La Corée du Nord salue le nouveau président sud-coréen en tirant un missile balistique

Le nouveau président sud-coréen, Moon Jae-In, s’est dit prêt, peu après sa prestation de serment, le 10 mai, à se rendre à Pyongyang, « si les conditions sont réunies », afin d’établir à nouveau le dialogue avec la Corée du Nord pour tenter d’apaiser les tensions dans la péninsule.

Au cours de ces dernières semaines, les États-Unis ont élevé le ton à l’égard du régime nord-coréen, alors soupçonné de préparer un sixième essai nucléaire, en dépit des résolutions des Nations unies qui lui interdisent toute activité de ce genre. Et la péninsule coréenne a vécu au rythme des démonstrations de force, des menaces et des exercices militaires.

Cependant, ces derniers jours, l’on pouvait espérer une certaine détente. Outre l’élection de M. Moon, le président américain, Donald Trump, a déclaré qu’il serait « honoré » de rencontrer Kim Jong-Un, le maître de Pyongyang. Puis, le 13 mai, une responsable de la diplomatie nord-coréenne, Choe Son-Hui, a affirmé que son pays pourrait « avoir un dialogue, si les conditions s’y prêtent », avec les États-Unis.

Qui plus est, début mai, la Chine a laissé entendre qu’elle ne soutiendrait pas automatiquement son allié en cas d’intervention militaire américaine.

« Le programme nucléaire de la Corée du Nord réduit la propre sécurité de ce pays ainsi que celle de la région et compromet la sécurité nationale de la Chine », avait dénoncé, le 4 mai, le quotidien officiel Global Times. Or, cela contrevient au « Traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle » qui, signé en 1961 par les deux pays, précise dans son article I que les parties « doivent s’efforcer de préserver la paix de l’Asie et du monde et la sécurité de tous les peuples. »

Mais, visiblement, Kim Jong-un n’a nullement l’intention d’engager un quelconque dialogue avec le président Moon : pour saluer l’investiture de ce dernier, la Corée du Nord a tiré un missile balistique depuis sa base de Kusong, dans la nuit du 13 au 14 mai. L’engin a volé pendant 30 minutes et parcouru 700 km avant d’aller s’abîmer en mer du Japon. Il s’agit du premier tir réussi depuis avril, les deux précédents s’étant soldés par un échec.

Le Commandement militaire américain pour le Pacifique (US PACOM) a estimé que l’engin tiré n’était pas un missile intercontinental, que Pyongyang cherche à mettre au point.

À Washington, la réaction à l’annonce de ce tir a été immédiate. « Que cette nouvelle provocation soit un appel à toutes les Nations pour mettre en oeuvre des sanctions bien plus fortes contre la Corée du Nord », a indiqué la Maison Blanche. Le missile est tombé « si près du sol russe (…) que le président ne peut imaginer que la Russie soit contente », a ajouté la présidence américaine. La Corée du Nord est « une menace évidente depuis beaucoup trop longtemps », a-t-elle conclu.

De son côté, le président sud-coréen a dénoncé une « provocation irresponsable » de la part de Pyongyang et parlé d’un « défi grave à la paix et la sécurité sur la péninsule coréenne et à la communauté internationale. Et M. Moon a réaffirmé sa volonté de dialogue, « seulement si le Nord change d’attitude ». Ce qu’il n’a visiblement pas l’intention de faire. À Tokyo, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a qualifié le tir nord-coréen de « totalement inacceptable », posant une « grave menace » sur la sécurité de l’archipel.

La Chine, qui organise, ce 14 mai, son premier sommet international sur les « Nouvelles routes de la soie », a dit « s’opposer aux violations par la Corée du Nord des résolutions du Conseil de sécurité » des Nations unies et appelé les parties en présence à la « retenue ».

Plus tard, d’après le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue chinois, Xi Jinping, ont discuté « en détail de la situation dans la péninsule coréenne » au cours d’une rencontre à Pékin. Les deux hommes ont « exprimé leur préoccupation pour l’escalade des tensions », a-t-il dit.

Pour Yang Moo-Jin, un professeur à l’Université des études nord-coréennes de Séoul sollicité par l’AFP, avec ce tir, la Corée du Nord « cherche apparemment à tester M. Moon et à voir comment prendront forme sa politique nord-coréenne ainsi que la coordination politique entre le Nord et les Etats-Unis. » Il s’agirait aussi de « maximiser l’influence politique du Nord », dans la perspective des négociations avec Washington, évoquée par Choe Son-Hui. Et d’ajouter : « Le Nord entend montrer, avant des négociations, qu’il ne renoncera pas aussi facilement à ses armes puissantes et précieuses. »

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