Washington durcit le ton à l’égard de Moscou au sujet de la Géorgie

Les suspicions d’ingérences russes lors de la dernière course à la Maison Blanche causent quelques soucis au président Donald Trump. Et les choses ne se sont pas améliorées après sa décision de limoger le directeur du FBI, James Comey, officiellement pour sa gestion de l’affaire portant sur l’utilisation d’un serveur informatique insuffisamment sécurisé par Hillary Clinton, son ancienne adversaire, alors qu’elle était encore à la tête de la diplomatie américaine.

Seulement, le Parti démocrate y voit dans la disgrâce du désormais ancien patron du FBI un lien avec les enquêtes en cours concernant sur des liens supposés de certains membres de l’équipe de campagne de M. Trump avec le gouvernement russe. Dans cette histoire, l’ancien général Michael Flynn, éphémère conseiller à la sécurité nationale, est au centre de la polémique. Pour rappel, il avait été contraint à la démission pour avoir reconnu des contacts avec un diplomate russe alors qu’il avait prétendu le contraire auprès de Mike Pence, le vice-président.

« Nous pensions que le général Flynn était compromis vis-à-vis des Russes », a en effet affirmé Sally Yates, ancienne secrétaire à la Justice par intérim, lors d’une audition devant la commission judiciaire du Sénat. « Cela posait un problème parce que nous pensons que les Russes étaient non seulement au courant [du fait que M. Flynn avait menti à M. Pence, ndlr]. Ils avaient aussi probablement des preuves », a-t-elle expliqué. « Et cela créait une situation compromettante, une situation où en gros les Russes pouvaient faire chanter le conseiller à la sécurité nationale » des Etats-Unis », a-t-elle conclu.

Cela étant, les décisions prises par Donald Trump depuis son entrée à la Maison Blanche sont loin d’aller dans le sens voulu par Moscou. Par exemple, il ne s’est pas opposé à l’entrée du Monténégro dans l’Otan et la position américaine sur le dossier syrien n’est pas prête d’évoluer, surtout après l’attaque chimique de Khan Cheikhoun du 4 avril dernier, attribuée au régime de Bachar el-Assad par les Occidentaux. Même chose au sujet de l’Ukraine, où ligne fixée par l’administration Obama n’a pas été remise en cause, alors que l’ex-magnat de l’immobilier avait laissé entendre, durant la campagne électoral, qu’il serait prêt à reconnaître l’annexion de la Crimée.

Mieux encore : s’agissant de la Géorgie, l’administration Trump est allée encore plus loin que celle du président Obama. Après la guerre qui opposa Tbilissi à Moscou en août 2008, deux régions sécessionnistes géorgiennes, à savoir l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, proclamèrent leur indépendance pour ensuite conclure des accords de partenariats stratégiques avec la Russie. Accords critiqués par les États-Unis et l’Union européenne et dénoncés par le gouvernement géorgien qui parla « d’annexion de facto » de ces territoires.

À l’occasion d’une visite, à Washington, du Premier ministre géorgien, Giorgi Kvirikashvili, le Los Angeles Times a relevé une disposition figurant dans un document de plus de 700 pages (le « Consolidated Appropriations Act ») qui, publié par la Maison Blanche, durcit le ton à l’égard de Moscou.

Ainsi, ce texte, qui parle « d’occupation russe de territoires géorgiens d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud », interdit le financement de tout État qui encourage cette « occupation » et « viole la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Géorgie ».

Ce document, adopté par le Congrès et signé par le président Trump le 6 mai, va encore plus loin. « Sur les fonds affectés par la présente loi sous les rubriques ‘assistance pour l’Europe, l’Eurasie et l’Asie centrale’, ‘Contrôle international des stupéfiants » et ‘programme de financement militaire étranger’, pas moins de 100.000.000 dollars seront mis à disposition pour aider à contrer l’influence et l’agression russes dans les pays d’Europe et d’Eurasie. »

Aussi, le chef du gouvernement géorgien n’a pas manqué de s’en réjouir, soulignant que le terme « occupation » était utilisé pour la première fois par les États-Unis pour qualifier la situation en Ossétie du Sud et en Abkhazie. En outre, il ne repartira pas de Washington les mains vide étant donné qu’il a signé un accord visant à améliorer les échanges en matière de renseignement, à renforcer la coopération en matière de contre-terorrisme et à accroître l’interopérabilité des forces géorgiennes avec celles des pays membres de l’Otan.

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