Coalition anti-EI : Le président Trump approuve la livraison d’armes aux milices kurdes syriennes

À Copenhague, le 9 mai, lors d’une réunion des pays membres de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, a assuré que la Turquie serait associée à l’offensive visant à chasser l’État islamique (EI ou Daesh) de la ville syrienne de Raqqa, d’où seraient partis, d’ailleurs, les cadres dirigeants de l’organisation terroriste.

Pour rappel, cette offensive, appelée « Colère de l’Euphrate » et lancée en novembre 2016, se concentre actuellement dans le secteur de Tabqa, qui constitue un verrou vers Raqqa. Elle est menée, avec l’appui de la coalition, par les Forces démocratiques syriennes (FDS), dont les effectifs sont fournis en grande partie par les milices kurdes syriennes (YPG), qu’Ankara considère comme terroristes en raison de leur proximité avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), à l’orgine d’une guérilla sanglante en Turquie.

« Notre intention est de collaborer avec les Turcs, les uns aux côtés des autres, pour prendre Raqqa », a affirmé M. Mattis. « Nous allons nous occuper de cela et trouver de quelle manière nous allons le faire, mais nous y sommes tous engagés », a-t-il ajouté, avant de préciser toutefois que « les États-Unis n’envisagent pas que la Turquie participe à l’offensive terrestre contre une ville tenue par les jihadistes depuis plus deux ans. »

Cela étant, les autorités turques n’admettent pas la proximité des forces américaines déployées en Syrie avec les milices kurdes syriennes. Une proximité qui a même été renforcée après des frappes aériennes turques contre les YPG près de la ville d’al-Malikiyah, le 25 avril dernier.

Si les Kurdes et les Américains continuent de travailler ensemble, alors « nous ne prendrons pas en compte le fait qu’il y a des véhicules blindés américains… Et il n’est pas exclu que quelques missiles turcs puissent les frapper par hasard », a même récemment lancé Ilnur Çevik, un proche conseiller du président turc, Recep Tayyip Erdogan.

Pendant que le général Mattis évoquait le rôle de la Turquie dans les opérations militaires concernant Raqqa, un responsable américain a indiqué que le président Donald Trump avait autorisé la fourniture d’armes et d’équipements aux milices kurdes syriennes.

Le financement « pour fournir une aide aux YPG a été approuvé », a en effet déclaré ce responsable américain. « L’approbation prend effet immédiatement mais les délais pour les livraisons d’armes sont à préciser », a-t-il poursuivi. Jusqu’à présent, seuls les groupes arabes armés appartenant aux FDS avaient reçu, de la part des États-Unis, une aide militaire sous la forme de véhicules blindés.

Cette annonce a ensuite été confirmée par le capitaine de vaisseau Jeff Davis, un porte-parole du Pentagone. Le président Trump a donné son approbation pour « équiper » les milices kurdes syriennes « autant que nécessaire pour remporter la victoire contre le groupe État islamique », a-t-il dit.

Alors qu’il a été avancé que l’aide fournie aux YPG consisterait à leur procurer des armes légères, des munitions, des mitrailleuses, des véhicules blindés et des « équipements du génie » (déminage), le capitaine de vaisseau Davis a précisé que les États-Unis restent « déterminés » à ce que ces livraisons d’armes ne viennent pas ajouter « des risques sécuritaires » pour la Turquie. « Ces armements seront calibrés répondre à un seul objectif, la prise de Raqqa » et « il y aura des mesures supplémentaires pour garder la trace de ces armes et vérifier leur utilisation », a-t-il assuré.

« La décision américaine d’armer les YPG (…) est importante et va accélérer la défaite du terrorisme », a réagi Talal Sello, un porte-parole des FDS. Cette annonce est « le résultat de la grande efficacité des YPG et l’ensemble des FDS dans les combats contre le terrorisme » en Syrie, a-t-il fait valoir. « Depuis sa prise de fonction, l’administration de Donald Trump a augmenté son soutien à nos forces », a-t-il encore précisé.

Seulement, comme l’on pouvait s’y attendre, la décision de M. Trump a très mal été accueillie à Ankara. « Fournir des armes aux YPG est inacceptable », a réagi, ce 10 mai, Nurettin Canikli, le vice-Premier ministre turc. « Une telle politique ne bénéficiera à personne », a-t-il insisté.

Quoi qu’il en soit, avec cette décision, les États-Unis prennent le risque de se fâcher avec la Turquie, qui est aussi membre de l’Otan. Sans doute qu’elle sera au menu de la rencontre prévue le 16 mai prochain entre les présidents Trump et Erdogan.

Photo : Véhicule Guardian livré aux groupes arabes des FDS en janvier 2017

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