Airbus : 12 à 18 mois de plus pour mettre au point les capacités tactiques de l’A400M?
En novembre 2016, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, fit part de son exaspération devantle retard pris par Airbus pour livrer à l’armée de l’Air 6 avions de transport A400M « Atlas » diposant de premières capacités tactiques.
« L’A400M a une longue histoire. Une histoire pénible. Et nous sommes dans unes situation extrêmement préoccupante. Peut-être que ça va marcher. Je le souhaite. Mais si ça ne marche pas, on sera devant une crise lourde », avait confié le ministre, à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances initiale 2017 en commission élargie.
Finalement, les engagements pris par Airbus auront été tenus à quelques jours près, avec la réception, le 2 mars dernier, d’un sixième A400M doté de capacités tactiques sur la base aérienne d’Orléans. Cela étant, il faut dire qu’Aibus n’a pas été épargné par les soucis techniques, notamment au niveau des boîtes relais des réducteurs d’hélices, ce qui a perturbé le calendrier des livraisons et contraint le constructeur à passer une nouvelle provision financière dans ses comptes pour y remédier.
Pour l’instant, ces 6 A400M de l’armée de l’Air diposent donc d’un système de détection et de leurre de missiles et ont la capacité de larguer des parachutistes par la rampe arrière ou depuis une porte latérale.
Mais on est encore loin du compte dans la mesure où ils ne sont toujours pas en mesure de ravitailler des hélicoptères en vol. En outre, comme une source militaire l’a récemment expliqué au quotidien La Dépêche du Midi, avec l’A400M, « si on largue en simultané trente paras par chaque porte, soit soixante au total, comme on fait habituellement sur C-130 [Hercules], avec une ouverture automatique du parachute grâce à une sangle attachée à l’intérieur de la carlingue, le flux d’air généré par les hélices est tel que les paras peuvent se croiser sous l’avion, avec tous les risques que cela implique. »
En Allemagne, on n’est pas disposé à faire le moindre cadeau à Airbus étant donné que les retards pris pour la livraison des premiers A400M dotés de capacités tactiques a contraint le gouvernement allemand à faire comme son homologue français, c’est à dire à commander des C-130J Hercules américains. D’où les pénalités que Berlin entend réclamer à l’industriel.
Alors que le Pdg d’Airbus, Tom Enders, demande aux pays clients de l’A400M de renoncer aux pénalités et de remettre la main à la poche (faute de quoi, la viabilité du programme serait en jeu), un rapport confidentiel du ministère allemand de la Défense, cité par Reuters, estime qu’il faudrait 12 à 18 mois supplémentaires pour régler les problèmes techniques liés à la mise au point de l’ensemble des capacités tactiques de l’appareil.
« Étant donné le sous-financement du programme et les demandes attendues liées aux pénalités de retard, Airbus ne fera pas les investissements nécessaires pour réaliser les améliorations requises », est-il estimé dans ce rapport, pour qui « l’utilisation opérationnelle de l’avion est de ce fait menacée. »
Chez Airbus, un porte-parole a fait valoir auprès de Reuters que le programme A400M avait accompli des « progrès importants » au cours de ces 12 derniers mois. Évoquant la réunion avec les pays clients organisée à Séville, fin mars, le directeur de la division Airbus Defence and Space, Dirk Hoke, a quant à lui seulement fait état de discussions « très constructives ». Reste à voir ce qu’il en sera après ce rapport…