Le commandant suprême des forces alliées en Europe veut plus de troupes pour dissuader la Russie

Actuellement, les forces terrestres relevant du commandement américain pour l’Europe (EUCOM) disposent de deux brigades permanentes (l’une, blindée, à Vilseck, en Allemagne, l’autre, aéroportée, à Vincenza, en Italie).

Depuis janvier, une troisième brigade – blindée – a été déployée en Pologne, par rotation, dans le cadre de l’opération Atlantic Resolve, qui correspond à la participation américaine aux mesures de réassurance prises par l’Otan visant à renforcer son flanc oriental.

Seulement, pour le général Curtis Scaparrotti, commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR) et chef de l’EUCOM, ce renforcement de la présence américaine sur le Vieux Continent est encore insuffisant dans le cas où il faudrait faire face à une agression de la Russie, comme le craignent non seulement les États baltes et la Pologne mais aussi les pays scandinaves.

Jusqu’à l’affaire de la Crimée, la cause était entendue : l’administration Obama décida d’accentuer la présence militaire américaine dans la région Asie-Pacifique, ce qui devait se traduire par un désengagement relativement important des forces stationnées en Europe, avec le retrait de deux brigades permanentes et la dissolution de quelques unités, dont le 81st Fighter Squadron, qui était le dernier à mettre en oeuvre des avions d’attaque A-10 Thunderbolt II sur le continent européen. Dans le même temps, les emprises occupées par les militaires américains firent l’objet de négociations pour être rendues aux pays hôtes. Et, depuis 2016, 60 l’ont effectivement été.

Mais, désormais, la situation a changé. Lors d’une audition devant un comité du Sénat américain, et après avoir fait observer que les pays de l’Otan et l’Eucom « assurent la sécurité de près d’un milliard de personnes et de la moitié de l’économie mondiale », le général Scaparotti a estimé que « cette architecture de sécurité est testée ».

« Aujourd’hui, nous faisons face à l’environnement stratégique européen le plus dynamique de l’histoire récente », a estimé le SACEUR. « À l’est, une Russie renaissance est passée d’un partenaire à un protagoniste qui cherche à saper l’ordre international et à se se réaffirmer en tant que puissance mondiale », a-t-il expliqué. Et d’ajouter : « Les pays située dans la périphérie de la Russie – y compris l’Ukraine et la Géorgie – luttent contre les activités malignes de Moscou. »

En outre, a-t-il aussi relevé, « en Afrique du Nord, les extrémistes violents et les éléments criminels transnationaux répandent la terreur et la corruption pendant que les réfugiés cherchent à aller en Europe pour y trouver la sécurité. »

« Ces menaces ont amené Eucom à passer d’une mission de coopération et d’engagement en matière de sécurité à une mission de dissuasion et de défense », a expliqué le général Scaparrotti. « En conséquence, nous ajustons nos plans, notre position et notre volonté de rester pertinents pour lutter contre les menaces auxquelles nous sommes confrontés. […] Bref, nous retournons à notre rôle historique en tant que commandement de guerre », a-t-il continué.

Aussi, le général Scaparotti a plaidé pour un renforcement des moyens militaires américains en Europe afin d’assurer une « dissuasion crédible » face à la Russie ainsi que pour un investissement accru dans les infrastructures pour soutenir cet effort.

S’agissant des renforts, le général Scaparotti a dit avoir besoin d’une brigade supplémentaire (sans préciser si elle doit être permanente ou non) et de plus de moyens dans le domaine de l’aviation. Pour cela, il faut donc investir dans les infrastructures, ce qui passe par un « financement stable et prévisible ». Pour cette année, 3,4 milliards de dollars ont été alloués à l’opération Atlantic Resolve. Une somme identique à celle votée en 2016.

Pour le SACEUR, cet effort budgétaire est nécessaire pour l’hébergement des troupes et le stockage des matériels, moderniser des infrastructures, comme l’hôpital de Landstuhl en Allemagne, voire de remettre état celles tombées en désuétude depuis la fin de la Guerre Froide.

Enfin, le général Scaparotti a aussi affirmé que le « théâtre européen est essentiel pour les intérêts de l’Amérique et que l’Otan reste la clé de la sécurité nationale pour les États-Unis. »

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