Le ministre canadien de la Défense s’est attribué des mérites qui ne lui revenaient pas

En septembre 2006, les forces canadiennes, avec le concours d’unités afghanes, danoises, américaines, néerlandaises et britanniques lancèrent l’opération Medusa afin d’éliminer une importante base de combattants taliban située dans la vallée de la rivière Arghandab, dans la province méridionale de Kandahar.

Encerclés par la manoeuvre des troupes de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), les insurgés subirent d’importantes pertes (évaluées à plus de 500 tués). Les rescapés réussirent quant à eux à s’exfiltrer vers la province de Farah. Cette opération fut marquée par la chute d’un avion Nimrod britannique (14 tués) et la mort de 12 soldats canadiens.

Cela étant, l’opération Medusa aura été un incontestable succès. Déjà auréolé d’une excellente réputation pour ses états de service en Afghanistan, le ministre canadien de la Défense, Harjit Sajjan s’est récemment enflammé en affirmant qu’il en avait été « l’architecte » lors d’un discours, prononcé il y a quelques jours en Inde. Ce qui n’était pas vrai… Et une polémique n’a pas manqué d’éclater.

Dans un message posté sur les réseaux sociaux, Harjit Sajjan a fait amende honorable et présenté ses excuses à ses anciens frères d’armes, à commencer par l’ex-général David Fraser, qui était son supérieur hiérarchique.

« Ce que j’aurais dû dire est que notre succès militaire fut le résultat du leadership, du service et du sacrifice des nombreux hommes et femmes dévoués aux Forces canadiennes. L’opération Méduse fut un succès en raison du leadership du Général Fraser et de l’équipe extraordinaire au sein de laquelle j’avais l’honneur de servir », a reconnu Harjit Sajjan.

D’après une lettre publiée par le National Observer et datée du 16 septembre 2006, le général Fraser avait couvert d’éloges celui qui allait devenir le ministre de la Défense du Canada dix ans plus tard.

« Je dois dire que le Major Sajjan est l’une des personnes les plus remarquables avec lesquelles j’ai travaillé », avait écrit le général Fraser. En effet, Harjit Sajjan, policier spécialiste des groupes criminels avant de rejoindre l’armée en tant que réserviste, s’illustra dans le domaine du renseignement, notamment en cartographiant les réseaux tribaux afghans.

« Il a été le meilleur atout du renseignement canadien […] et son travail acharné, sa bravoure personnelle et sa détermination ont sans aucun doute sauvé une multitude de vies au sein de la Coalition », avait continué le général Fraser. Et de préciser que ses analyses « ont été si convaincantes qu’elles ont donné lieu à des opérations à grande échelle, dont l’opération Medusa. »

Quoi qu’il en soit, en dépit des excuses du ministre, l’opposition canadienne a réclamé sa démission. Chef par intérim du Parti conservateur, Rona Ambrose a ainsi accusé Harjit Sajjan d’avoir le crédit d’actions réalisées par d’autres. « Ce qu’il a fait est mal et, maintenant, il a perdu la confiance de nos hommes et femmes en uniforme alors qu’ils doivent avoir confiance en leur dirigeant, surtout quand ils mettent leur vie en ligne », a-t-elle lancé, le 1er mai.

Des arguments balayés par le Premier ministre canadien, Justin Trudeau. « Le ministre a fait une erreur, il l’a admis et s’est excusé pour cela, c’est ce que les Canadiens attendent de leurs responsables », a-t-il répondu. « C’est pour cela que je continue d’avoir confiance en (M. Sajjan) qui a servi son pays comme policier, comme soldat et maintenant comme notre ministre de la Défense nationale, et je continuerai de lui apporter ma pleine confiance », a-t-il ajouté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]