Élysée 2017 : Le service militaire devrait donc être bientôt rétabli en France

C’est un aspect que peu d’observateurs ont relevé à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle. Mais il est vrai que d’autres considérations ont retenu l’attention des éditorialistes politiques. Ssur les quatre candidats qui pouvaient nourrir quelques espoirs au matin du 23 avril, trois proposaient de rétablir, sous une forme ou une autre, le service militaire, suspendu depuis 2001. Seul François Fillon ne s’était pas engagé sur cette voie.Et comme il a manqué environ 460.000 suffrages à ce dernier pour se qualifier au second tour, il est donc pratiquement acquis que la conscription sera rétablie en France d’ici peu, à la condition, toutefois, que celui ou celle qui sera élu le 7 mai puisse disposer d’une majorité parlementaire pour imposer ses vues.

Ainsi, le rétablissement « progressif d’un service militaire » obligatoire d’une durée minimum de 3 mois figure parmi les engagements pris par Marine Le Pen, la candidate soutenue par le Front national arrivée en seconde position.

En février 2015, elle avait d’ailleurs précisé les modalités de cette mesure : les conscrits auraient donc à suivre une formation « militaire et citoyenne pratique et théorique » pendant les quatres premières semaines. Puis, les deux mois suivants, les appelés, payés 573 euros par mois, seraient « affectés dans une garde nationale, soit au sein d’une unité départementale, soit au sein d’organismes locaux de sécurité civile, comme les pompiers ou de sécurité intérieure, comme la police municipale et nationale. » L’accomplissement de ce service, qui concernerait les Français âgés de 18 ans, serait nécessaire pour obtenir certaines prestations sociales (RSA, APL, etc…).

Le projet de Mme Le Pen ne précise pas comment ce retour à la conscription serait financé, sachant qu’il coûterait « plusieurs milliards » d’euros. Par ailleurs, la candidate soutenue par le FN veut aussi étendre à la métropole le Service militaire adapté (SMA), tel qu’il est en vigueur dans les départements et territoires d’outre-Mer. Une telle mesure est déjà en cours d’expérimentation avec le Service militaire volontaire (SMV).

Arrivé en tête du premier tour, Emmanuel Macron, candidat d’En Marche, a lui aussi proposé d’instaurer un service militaire « universel », mais d’une durée de seulement un mois. Lors de sa conférence de presse dédiée aux affaires de défense, le 18 mars, il en avait estimé le coût à 15/20 milliards d’euros pour sa mise en place et à 2/3 milliards d’euros par an en rythme de croisière, ces sommes ne devant pas être comprises dans le budget de la Défense.

Pour M. Macron, ce service militaire universel serait une occasion de faire « l’expérience de la mixité sociale et de la cohésion républicaine » pour les jeunes français, de détecter les difficultés, notamment l’illettrisme, de proposer une mise à niveau scolaire […] lorsque ce sera nécessaire » et de préparer les appelés à leur « entrée dans la vie professionnelle comme dans leur vie de citoyen. »

Plus tard, M. Macron a précisé les contours de son projet, en revoyant à la baisse son coût (entre 1,5 et 2 milliards par an) étant donné qu’il serait question d’utiliser « au maximum les infrastructures scolaires et universitaires », lesquelles ne sont libres que pendant les vacances d’été…

Ce projet, qui serait lancé, si M. Macron est élu, dès la fin de cette année, ne manque pas susciter quelques réserves. Durant la campagne du premier tour, le plus acerbe aura sans douté été François Fillon.  »
Je n’aurais pas osé proposer un truc pareil ! Pour moi, cela s’appelle un pêché contre l’intelligence », avait-il lancé lors de la présentation de son programme pour la défense. « Je ne considère pas que les militaires doivent consacrer une grande partie de leur temps à organiser des centres aérés d’un mois pour que les jeunes puissent gambader et améliorer leur maîtrise du français », avait-il insisté.

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