Le Japon envisage l’envoi de troupes en Corée du Sud pour une éventuelle évacuation de ses ressortissants

La Corée du Nord n’a pas réalisé son sixième nucléaire à l’occasion du 105e anniversaire de la la naissance de Kim Il-sung, son fondateur, alors que les préparatifs sur le site de Punggye-ri étaient achevés. Le régime y a-t-il renoncé devant la pression américaine? C’est probable. Il faut dire que, quelques jours avant, le président Trump a laissé plané la menace d’une intervention militaire dans le cas où le régime nord-coréen se serait allé à une énième provocation.

En outre, la Chine a manifesté son agacement à l’égard de son allié, en lui renvoyant ses cargos chargés de charbon, conformément à une décision prise en février. Le geste n’est pas anodin : 90% du commerce extérieur de la Corée du Nord se fait avec son voisin chinois. Et le charbon représente 40% de ces échanges.

Finalement, au lendemain d’une imposante parade militaire, Pyongyang a tenté de lancer un missile depuis le site portuaire de Sinpo. Une tentative ratée puisque l’engin a explosé quasiment immédiatement après sa mise à feu.

L’hypothèse d’une cyberattaque américaine a été rapidement avancée pour expliquer cet échec. Ce que K.T MacFarland, la conseillère adjointe à la Sécurité nationale de Donald Trump, n’a pas démenti. « Je pense que nous entrons dans une toute nouvelle ère, pas seulement avec la Corée du Nord, mais avec tout le monde », a-t-elle dit. « Avec n’importe quel pays, pays majeur, nous entrons dans une plate-forme cybernétique, un champ de bataille cybernétique. C’est sur ce terrain que beaucoup de guerres seront combattues à l’avenir », a-t-elle ajouté.

Une autre explication avancée est que la Corée du Nord aurait tenté de lancer un nouveau type de missile qui, appelé KN-17, serait loin d’être encore au point.

Quoi qu’il en soit, le chef du Pentagone, le général James Mattis, a évoqué le rôle de la Chine. L’essai du 16 avril « montre pourquoi nous travaillons si étroitement avec Pékin maintenant, après la rencontre de Mar-a-Lago (Floride), entre le président Trump et son homologue chinois, Xi Jinping. Il s’agit, a-t-il continué, de « garder sous contrôle » la situation dans une péninsule coréenne devant être « dénucléraisée ». Cest un objectif partagé « par la Chine et les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon. Nous avons tous le même intérêt », a-t-il assuré.

Également en première ligne face à la menace nord-coréenne (plusieurs missiles lancés par Pyongyang sont tombés dans ses eaux territorial), le Japon a appelé, ce 18 avril, à une solution « pacifique ».

Alors qu’il venait de recevoir Mike Pence, le vice-président américain, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a déclaré qu’il « est extrêmement important de mener des efforts diplomatiques et de rechercher une solution pacifique ». Et d’ajouter : « Dans le même temps le dialogue pour le dialogue n’a aucune valeur et il est nécessaire de faire pression. »

Cela étant, Tokyo envisage tous les scénarios. C’est ainsi que Tomomi Inada, la ministre japonaise de la Défense, a déclaré que des soldats nippons pourraient être envoyés en Corée du Sud dans le cas où il serait nécessaire d’évacuer leurs compatriotes.

« Si une situation exigeant que les ressortissants japonais et d’autres soient évacués surgissait dans la péninsule coréenne et que ceux-ci ne parvenaient pas à partir par leurs propres moyens », Tokyo se préparerait à mobiliser des forces militaires, a en effet déclaré Mme Inada, d’après l’agence Jiji et la chaîne NHK. Mais un tel cas de figure, s’il est apparemment autorisé par la loi japonaise, doit encore recevoir l’aval du pays concerné.

Cela étant, cette annonce risque d’être mal prise en Corée du Sud, où le souvenir de l’occupation japonaise, entre 1910 et 1945, reste vif, comme l’ont montré récemment les réactions d’une partie d’opinion sud-coréenne après la signature d’un accord sur un échange de renseignements sur la menace nord-coréenne entre Séoul et Tokyo.

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