Le régime syrien à nouveau accusé d’être responsable d’une attaque chimique

La Coalition nationale, une composante de l’opposition syrienne, a accusé, ce 4 avril, le régime de Bachar el-Assad d’avoir mené une attaque chimique près de la localité de Khan Cheikhoun, située dans la province d’Idleb, contrôlée en grande partie par des groupes islamistes et jihadistes.

Pour le moment, le bilan de cette attaque est d’au moins 58 tués et de 170 blessés. Et il risque de s’alourdir étant donné que l’hôpital où ont été admises les victimes a été bombardé à son tour.

Un médecin apparaissant sur une vidéo mise en ligre par un groupe rebelle a affirmé que « tous les cas traités sont des évanouissements, des convulsions, des pupilles dilatées, de la mousse dans la bouche et des suffocations ». Ces symptômes suggèrent l’utilisation d’un gaz neurotoxique.

De son côté, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a fait état d’évanouissements, de vomissements et de personnes ayant de la « mousse » sortant de la bouche, ce qui a été confirmé par un correspondant de l’AFP présent sur place.

Ces derniers mois, le régime syrien a été accusé par le Joint Investigative Mechanism (JIM), une commission d’enquête réunissant des experts de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), d’avoir commis à des attaques au chlore (Bertholite). À une certaine dose, cette substance peut provoquer la mort par asphyxie.

Depuis l’attaque de la Ghouta, en août 2013, au cours de laquelle du gaz sarin avait été utilisé, le régime syrien a officiellement abandonné son arsenal d’armes chimiques, lequel a été détruit sous l’égide de l’OIAC.

Aussi, si la présence de neurotoxiques se confirme à Khan Cheikhoun, plusieurs hypothèses peuvent être faites. La première est évidente : Damas aurait probablement dissimulé des stocks d’agents toxiques à l’OIAC. Si ce n’est pas le cas, alors c’est que le régime syrien a pu s’en procurer ailleurs, ou bien qu’il a été en mesure d’acquérir les composants nécessaire pour en produire à nouveau. Resterait alors à déterminer le fournisseur.

Cela étant, l’État islamique (EI ou Daesh) a également été accusé par le JIM d’avoir mené des attaques chimiques. Mais l’organisation jihadiste n’a, du moins pour le moment, utilisé que du gaz moutarde (ypérite) et elle ne dispose pas de moyens pour effectuer des raids aériens.

Quoi qu’il en soit, cette attaque chimique a été commise alors que l’administration américaine a fait savoir qu’elle ne faisait plus du départ de Bachar el-Assad une condition sine qua non pour obtenir un accord de paix en Syrie. Une position qui n’est pas partagée par l’Union européenne.

« Après six ans et demi de guerre, il semble complètement irréaliste de penser que l’avenir de la Syrie sera exactement le même que ce qu’elle était dans le passé », a ainsi fait valoir, le 3 avril, Federica Mogherini, la Haute Représentante de l’Union pour les
Affaires étrangères et la Politique de sécurité.

Et, ce 4 avril, en marge d’une conférence internationale à Bruxelles sur la reconstruction de la Syrie, cette dernière a estimé que « évidemment, la principale responsabilité [de l’attaque chimique] repose sur le régime » syrien.

De son côté, la France a « demandé la convocation d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU après une « nouvelle attaque chimique particulièrement grave » en Syrie. « Les première informations font état d’un grand nombre de morts, y compris des enfants », a justifié Jean-Marc Ayrault, le ministre français des Affaires étrangères.

Reste qu’un haut responsable syrien, cité par l’AFP, a parlé de « calomnie » au sujet de l’attaque de Khan Cheikhoun. « Les hommes armés [les rebelles, ndlr] tentent de remporter une victoire médiatique après avoir échoué à remporter une victoire sur le terrain », a-t-il déclaré.

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