Élysée 2017 : Pour M. Hamon, la « défense de la France ne doit pas être une variable d’ajustement »

Candidat du Parti socialiste et des écologistes, Benoît Hamon, qui a songé à une carrière militaire dans sa jeunesse, est longuement revenu, le 23 mars, sur la politique de défense qu’il entend mener s’il est élu à l’Élysée en mai prochain. Une occasion, pour lui, de préciser certains points du programme [.pdf] qu’il avait proposé lors de la primaire de la « Belle alliance populaire », remportée face à Manuel Valls en janvier dernier.

À l’époque, l’une des mesures préconisée par M. Hamon était de porter les dépenses militaires et celles liées à la sécurité intérieure à 3% du PIB d’ici 2022. Et la question était donc de connaître la part qui allait en revenir aux armées. Désormais, on le sait : le député des Yvelines dit en effet souhaiter porter l’effort de défense à 2% de la richesse nationale d’ici la fin du prochain quinquennat, comme le demande d’ailleurs, avec insistance, le général de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA).

Reste à voir ce que représenteront ces 2% du PIB, c’est à dire si les pensions et les surcoûts liés aux opérations extérieures seront intégrés ou non dans le calcul. Cela étant, pour M. Hamon, cet effort « exigeant » et « soutenable » est indispensable pour conserver un modèle d’armée « complet », « cohérent », « respecté par nos alliés » et « dissuasif pour nos adversaires ».

Par rapport à MM. Fillon et Macron, qui proposent respectivement de porter le budget de la Défense à 1,9% du PIB d’ici 2022 (pensions comprises) et à 2% du PIB d’ici 2025 (hors pensions et hors surcoûts opex), le député des Yvelines estime que sa proposition est « crédible » à au moins trois conditions : un « effort collectif d’organisation de la commande publique pour éviter les dépassements » de coûts des programmes militaires, retirer une partie des dépenses militaires de la règle européenne des 3% de déficit et en s’assurant « du soutien des Français ».

Une autre condition, que M. Hamon a développée plus tard dans son discours, serait de faire en sorte que la technologie doit « rester au service de nos forces et non l’inverse » et d’éviter cette « tentation qui privilégierait les équipements d’une sophistication extrême ne répondant pas un besoin opérationnel précis. »

« Mais que personne ne se leurre. Ceux qui prônent l’austérité générale, qui promettent des dizaines, voire des centaines de milliards de réduction des budgets publics, ceux-là ne seront pas au rendez-vous des enjeux majeurs de notre défense nationale. L’austérité ne fait pas bon ménage avec la sécurité de notre peuple », a tâclé M. Hamon. « Devant tant d’imprévoyance ou de cynisme, disons clairement que la Défense ne doit pas être une variable d’ajustement du budget de notre pays », a-t-il insisté.

Cet effort de défense que promet le candidat socialiste doit permettre aux armées de satisfaire leurs besoins prioritaires, comme la modernisation de la dissuasion nucléaire, le renouvellement des blindés et la « restauration de l’aéromobilité » pour l’armée de Terre, le renforcement de la flotte d’avions ravitailleurs pour l’armée de l’Air ou encore le lancement du programme de BATSIMAR (bâtiment de surveillance et d’intervention unique) pour la Marine nationale.

En outre, M. Hamon estime que la question d’un second porte-avions mérite d’être posée, même si, « au regard des contraintes budgétaires », le coût d’acquision d’un tel bâtiment « peut constituer un véritable obstacle ». Pour le contourner, il a évoqué de possibles économies d’échelle et des coopérations « avec d’autres États en Europe ou ailleurs ». Ce point aurait mérité une précision. Au sein de l’Union européenne, la marine française est la seule à mettre en oeuvre un porte-avions similaire à ceux en service au sein de son homologue américaine, lesquels sont en configuration CATOBAR (c’est à dire avec catapultes). L’on sait que l’Inde envisage de se doter d’un navire de ce type. Est-ce une piste, pour M. Hamon?

S’agissant des alliances, il n’entend pas remettre en cause le retour de la France au sein du commandement militaire intégré de l’Otan car ce « choix affaiblirait la sécurité du continent européen à un moment où nous en avons besoin, face à une Russie qui teste et qui tente d’intiminer ». Toutefois, M. Hamon estime que le « cadre politique dans lequel les Européens doivent bâtir une politique commune en matière de défense est l’Union européenne. » Sur ce point, M. Hamon n’a pas varié par rapport aux propositions qu’il avait avancées au moment de la primaire.

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