Selon un général américain, les Russes sont « sur le terrain » en Libye

Depuis l’installation à Tripoli, sous l’égide des Nations unies, d’un gouvernement d’union nationale (GNA) conduit par Fayez al-Sarraj, celui qui, issu du Parlement élu en juin 2014, s’était replié à al-Baïda, dans l’est de la Libye, a perdu la reconnaissance de la communauté internationale dont il pouvait se prévaloir jusqu’alors.

Soutenu par une partie des milices armées originaires de Misrata, le GNA est officiellement le seul interlocuteur reconnu par les Occidentaux. C’est en effet à sa demande que Washington a lancé l’opération Odyssey Lightning afin de fournir un appui aérien à ses troupes, alors engagées dans une offensive visant à chasser la branche libyenne de l’État islamique (EI) de Syrte. En outre, Paris participe actuellement à la formation de la garde présidentielle libyenne, répondant ainsi au souhait exprimé par M. al-Sarraj.

Toutefois, Paris ne fait pas qu’apporter son soutien au GNA puisqu’elle appuie aussi le maréchal Khalifa Haftar, le chef de l’Armée nationale libyenne (ANL), laquelle dépend du gouvernement d’al-Baïda. Et cela afin de l’aider à chasser les éléments jihadistes de la Cyrénaïque (est de la Libye). Ce soutien a été mis en évidence dans des conditions dramatiques, avec la mort, en juillet 2016, de trois sous-officiers du Service Action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

Mais le maréchal Haftar, exilé aux États-Unis jusqu’à la chute du colonel Kadhafi, est soutenu par d’autres pays, comme l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Russie. La nature du soutien de Moscou n’est pas seulement fait que de mots et de promesses.

Début mars, le dirigeant d’une société militaire privée russe, RSB Group, a reconnu avoir envoyé des démineurs dans l’est de la Libye. Puis, quelques jours plus tard, il a été rapporté la présence de forces spéciales russes en Égypte, non loin de la frontière libyenne. Cette information a toutefois été officiellement démentie par Le Caire et Moscou.

Seulement, cette activité militaire russe en Libye a été confirmée par le général américain Tom Waldhauser, le chef du commandement militaire pour l’Afrique (US Africom), lors d’un point presse du Pentagone.

« Les Russes ont la volonté d’exercer leur influence à l’intérieur de la Libye. Ils sont sur le terrain », a affirmé le général Waldhauser. « Nous regardons ce qu’ils font avec une grande inquiétude. En plus de leur activité militaire, nous avons vu de récentes activités commerciales, qu’il s’agisse de pétrole ou d’armes », a-t-il ajouté.

Le même général Waldhauser a aussi admis que des militaires – un « petit nombre » – des forces spéciales américaines sont aussi présents en Libye, avec pour mission de surveiller les mouvements de la branche libyenne de l’État islamique. En outre, les États-Unis bénéficient d’une base en Tunisie, d’où ils peuvent décoller leurs drones de surveillance.

« Nous allons maintenir une force qui a la capacité de produire du renseignement, de travailler avec les différents groupes en cas de besoin » afin d' »aider le GNA à attaquer des cibles du groupe État islamique », a expliqué le général Waldhauser.

Cela étant, comme l’influence du GNA est nulle dans une grande partie du pays – son autorité est même contestée à Tripoli même par des groupes armés se réclamant du gouverment de salut national de Khalifa Al-Ghwell, au pouvoir entre 2014 et 2016 – l’action américaine se concentre sur l’ouest de la Libye, où le général Waldhauser a estimé les effectifs de l’EI à un grosse centaine de combattants. « Ils essaient juste de maintenir une présence (…) Ils ne vont pas constituer des groupes importants qui sont des cibles évidentes », a-t-il dit.

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