Le programme nucléaire nord-coréen est entré dans « une nouvelle phase », selon l’AIEA

Il est difficile – voire impossible – de savoir où en est exactement la Corée du Nord dans la mise au point d’une arme nucléaire. L’on peut juste dire qu’elle a procédé à cinq essais souterrains et que la fréquence de ces derniers augmente (1 en 2006, 1 en 2009, 1 en 2013 et 2 en 2016). En outre, il est peu probable qu’elle dispose d’une bombe H (thermonucléaire) comme elle le prétend. En revanche, il est possible qu’elle soit dotée d’une bombe à fission dopée, comme le suggèrent les analyses de l’un de ses derniers tests.

Pour ses activités nucléaires et son programme de missiles balistiques, la Corée du Nord n’a cessé de voir renforcer les sanctions prises à son égard par le Conseil de sécurité des Nations unies. Mais ces dernières n’ont apparemment que peu d’effet dans la mesure où elle a trouvé un moyen de les contourner.

Aussi, loin de lever le pied sur ses activités nucléaires, Pyongyang accélère. C’est ce qu’a affirmé Yukiya Amano, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), à l’occasion d’un entretien donné au Wall Street Journal.

« La situation est très mauvaise », a estimé M. Amano. « On est entré dans une nouvelle phase » et « tout indique que la Corée du Nord fait des progrès, ainsi qu’elle le déclare », a-t-il ajouté.

En outre, selon le directeur de l’AIEA, Pyongyang « intensifie ses efforts pour produire du plutonium et enrichir de l’uranium sur son complexe de Yongbyon ». Aussi, estime-t-il, une solution diplomatique, à l’image de celle qui a été trouvée avec l’Iran (mais qui reste contestée par Israël et même le président Trump) n’a que très peu de chance d’aboutir.

Qui plus est, la Corée du Nord semble aussi mettre les bouchées double pour mettre au moint un missile balistique intercontinental, comme l’avait annoncé en janvier Kim Jong-un, le maître de Pyongyang. Alors que le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, se trouvait en Chine pour évoquer son cas, cette dernière a procédé à l’essai d’un nouveau moteur de fusée.

 » Le développement et la mise au point d’un moteur à haute poussée nouvelle génération va aider à consolider les bases scientifiques et technologiques qui nous permettront d’atteindre le niveau mondial en matière de lanceurs de satellites et d’intervention dans l’espace », a fait valoir l’agence officielle nord-coréene KCNA. « Le monde va bientôt réaliser la signification de la victoire historique que nous avons signée aujourd’hui », aurait déclaré Kim Jong-un.

Face à ces derniers développement, l’administration Trump cherche une parade, étant donné que la Corée du Nord a explicitement menacé les États-Unis ainsi que la Corée du Sud et le Japon. La semaine passée, M. Tillerson a assuré que « la politique patience stratégique [à l’égard de Pyongyang] était terminée ».

Pour le moment, Washington renforce ses moyens de défense antimissile en déployant, en Corée du Sud, une batterie THAAD. Ce qui est vu d’un mauvais oeil à la fois par Pékin et Moscou, pour qui cette mesure porte atteinte à la crédibilité de leurs forces stratégiques respectives.

« Nous avons souligné les graves risques liés au déploiement d’éléments du système global antimissile américain dans la région Asie-Pacifique », a affirmé, le 20 mars Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, après avoir rencontré son homologue japonais. « S’il s’agit de lutter contre les menaces en provenance de la Corée du Nord, le déploiement de ce système, tout comme l’accumulation d’armes dans la région, sont une riposte disproportionnée », a-t-il ajouté.

Cela étant, l’administration américaine cherche d’autres moyens pour freiner les ardeurs nord-coréenne. En effet, Washington envisage de couper Pyongyang de ses financements internationaux et de faire pression sur les sociétés et les banques chinoises ayant des relations avec la Corée du Nord. Et un renforcement militaire dans la région n’est pas non plus exclu. On devrait en savoir davantage les 6 et 7 avril prochain, à l’occasion d’une rencontre du président Trump avec Xi Jinping, son homologue chinois.

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