Pour Washington, la politique de « patience stratégique » à l’égard de Pyongyang est « terminée »

Malgré des sanctions internationales sans cesse renforcées, la Corée du Nord n’a pas mis un terme à son programme nucléaire à vocation militaire et au développement de missiles balistiques stratégiques, dont un modèle susceptible d’être lancé depuis une plateforme sous-marine. Pire : il semblerait qu’elle fasse même des progrès, au point d’envisager l’essai d’un engin intercontinental susceptible de menacer la côte ouest des États-Unis.

Dans le même temps, Pyongyang multiplie les menaces et les « provocations » en procédant régulièrement à des tirs de missiles, dont certains sont encore récemment tombés dans la zone économique exclusive japonaise. Il s’agissait d’un « exercice » visant les bases américaines implantées au Japon, d’après les explications données par les autorités nord-coréenne.

Ces dernières années, la Corée du Sud et le Japon ont renforcé leurs moyens de défenses anti-missiles. De même que les États-Unis, qui ont déployé une batterie THAAD sur le sol sud-coréen ainsi qu’un second radar d’alerte avancée dans l’archipel nippon. Ces mesures fâchent la Chine – par ailleurs proche alliée de Pyongyang – ainsi que la Russie, qui y voient un prétexte pour porter atteinte à la crédibilité de leurs forces stratégiques.

La solution de l’équation n’est pas simple à trouver. Cependant, depuis l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle administration à Washington, la diplomatie américaine hausse le ton. Ainsi, le président Trump a mis les pieds dans le plat en pointant le rôle de Pékin. « La Corée du Nord se comporte très mal. Elle se joue des États-Unis depuis des années. La Chine a peu fait pour aider! », a-t-il lancé via Twitter.

Cette « sortie » est survenu après plusieurs déclaration de Rex Tillerson, le secrétaire d’État, qui effectue actuellement un déplacement en Asie du Sud-Est pour évoquer le cas de la Corée di Nord avec ses homologue chinois, japonais et sud-coréen.

Le 16 mars, M. Tillerson y est allé franco : « Je pense qu’il est important de reconnaître que les efforts politiques et diplomatiques des vingt dernières années pour mener la Corée du Nord à se dénucléariser ont échoué », a-t-il dit, depuis Tokyo.

Et, le lendemain, M. Tillerson est allé encore plus loin. « La politique de patience stratégique [à l’égard de Pyongyang] est terminée », a-t-il affirmé, après avoir visité la zone démilitarisée qui coupe la péninsule coréenne en deux depuis 1953. « Nous explorons une nouvelle gamme de mesures diplomatiques, sécuritaires et économiques. Toutes les options sont sur la table », a-t-il ajouté. En clair, une intervention militaire contre Pyongyang n’est pas un tabou.

« Certainement, nous ne voulons pas que les choses en viennent au conflit militaire », a cependant admis Rex Tillerson lors d’une condérence de presse donnée à Séoul. Seulement, a-t-il continé, si la Corée du Nord « élève le niveau de menace de son programme d’armements à un niveau qui nécessite à nos yeux une action, alors, cette option sera sur la table. »

Il est évidemment difficile d’évaluer les conséquences d’une action militaire contre la Corée du Nord. Si elle doit avoir lieu, nul doute que les forces américaines chercheront à obtenir un effet de sidération afin d’éviter une riposte de l’armée nord-coréenne, qui compterait un million d’hommes, sans compter les réservistes.

En outre, la chute du régime ne manquerait pas d’avoir des des conséquences économiques et humanitaires pour la Corée du Sud et de provoquer une instabilité que la Chine redoute par dessus-tout. Et c’est certainement la raison pour laquelle l’adminstration américaine agite la perspective d’une intervention armée, histoire de contraindre Pékin à vraiment faire pression sur son turbulent allié.

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