La Chine affirme avoir mis en service le chasseur-bombardier « furtif » J-20

Plus que jamais, il faut se méfier des certitudes. Ceux qui se refusaient à envisager le Brexit ou l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche ont mangé leur chapeau, tout comme ceux qui croyait la qualification du Paris Saint-Germain acquise après sa large victoire face au FC Barcelone au match aller des huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Comme quoi, l’imprévu finit toujours par arriver, y compris (et même surtout) dans le domaine militaire.

L’an passé encore, il a été dit que le Chengdu J-20, l’avion de combat furtif chinois, ne serait très vraisemblablement pas industrialisé, étant donné qu’un autre appareil, le J-31 « Gyrfalcon », développé quasiment en même temps, présenterait les caractéristiques d’un véritable appareil de 5e génération.

Seulement, c’était oublier que la production d’une pré-série de 4 exemplaires du Chengdu J-20 avait été annoncée en décembre 2015. Et, en novembre dernier, deux appareils de ce type ont effectué leur première démonstration publique lors du salon aéronautique de Zhuhai. Et cela, environ 6 ans après le vol inaugural d’un prototype.

Mieux même : selon la chaîne CCTV, « le J-20 et et d’autres nouveaux armements de haut niveau ont rejoint le service actif des forces aériennes. » En clair, cet avion est donc entré en dotation au sein de l’Armée populaire de libération (APL).

Si l’on en croit donc cette information, les forces armées chinoises seraient donc les secondes, après celles des États-Unis avec le F-22 Raptor et le F-35 Lightning II, à mettre en oeuvre un avion furtif dit de 5e génération. La Russie, dont l’industrie aéronautique a su développer des appareils très performants, n’en est pas encore là, même si la mise en service du Sukhoï T-50 a été annoncée pour cette année.

Cela étant, CCTV n’a pas précisé le nombre de Chengdu J-20 livrés à l’APL, la chaîne ayant seulement diffusé des images de cet appareil évoluant aux côté de bombardiers stratégiques H6K et d’avions de transport Y-20 récemment entrés en service.

Aussi, quelques bémols sont à mettre. En premier lieu, la furtivité du J-20 reste encore à démontrer. S’il dispose d’une soute interne pour emporter des munitions, ses plans canard n’aident pas à réduire sa signature radar. Une étude, réalisée en 2011 par deux universitaires américains, avait d’ailleurs relativisé le caractère furtif de cet appareil.

Qui plus est, les responsables militaires américains n’ont pas l’air très inquiet sur ce plan. En revanche, ce qui peut les préoccuper, c’est la capacité du J-20 à frapper de loin avec des missiles air-air PL-15, ce qui serait de nature à mettre en danger des avions ravitailleurs, et par conséquent à compromettre les missions des F-22 et des F-35.

Par ailleurs, l’annonce de la mise en service du J-20 a été faite dans un contexte particulier. Les relations entre Washington et Pékin sont tendues, notamment à cause de la mainmise chinoise sur la mer de Chine méridionale et du dossier nord-coréen. D’ailleurs, les États-Unis ont envoyé des F-35B au Japon pour marquer leur « engagement en faveur de la défense » de l’archipel nippon et de la « sécurité de la région du Pacifique. » Aussi, prétendre que l’on dispose des capacités similaires à celles des forces américaines est une façon de rééquilibrer la balance.

Enfin, Pékin a annoncé que ses dépenses militaires allaient augmenter de 7% en 2017. Or, il s’agit de la plus faible augmentation depuis des années. Exhiber le J-20, le H6-k et le Y-20 est aussi une façon de montrer ses muscles, alors que le président Trump souhaite allouer 54 milliards de plus au budget du Pentagone.

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