Des cyberattaques américaines contre les missiles nord-coréens ont manqué d’efficacité

Fin février, deux amiraux américains ont estimé que s’il devait y avoir un conflit dans la région Asie-Pacifique, il aurait lieu non pas en mer de Chine méridionale à cause des différends territoriaux qui opposent Pékin à ses voisins mais dans la péninsule coréenne.

« S’il y a un combat ce soit, il se produira probablement dans la péninsule coréenne », a en effet affirmé le vice-amiral Joseph Aucoin, le commandant de le 7e Flotte de l’Us Navy, lors d’une conférence. Ce qu’a confirmé son homologue à la tête de la 3e Flotte, Mme le vice-amiral Nora Tyson. Les « hostilités avec le régime nord-coréen sont la probabilité numéro un », a-t-elle dit.

Il faut dire que, au cours de ces dernières années, des incidents sérieux ont opposé Séoul à Pyongyang, avec notamment l’attaque présumée de la corvette sud-coréenne Cheonan ou encore le bombardement, par l’artillerie nord-coréenne, de l’île de Yeonpyeong. Mais depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un, après la mort de son père, Kim Jong-il, elles se sont encore tendues.

Ainsi, depuis décembre 2011, et malgré les sanctions prises à son égard par le Conseil de sécurité des Nations unies, la Corée du Nord a procédé à trois nouveaux essais nucléaires et intensifié son programme de missiles balistiques, lequel prévoit la mise au point d’un engin mer-sol. Le tout accompagné par une rhétorique guerrière et une série de provocations, via des tirs de missiles, dont plusieurs sont tombés dans la zone économique exclusive (ZEE) du Japon.

Alors que les forces américaines et sud-coréennes ont lancé, le 1er mars, leurs exercices militaires annuels conjoints, Kim Jong-un a ordonné à son état-major « d’élaborer des contre-mesures exhaustives en vue d’une frappe sans merci contre une attaque aérienne soudaine de l’ennemi. »

Pour protéger la Corée du Sud (mais aussi le Japon) de la menace nord-coréenne, les États-Unis ont pris des mesures visant à renforcer la défense antimissile de ces deux pays, où, par ailleurs, ils disposent de forces prépositionnées relativement importantes. Ainsi, en juillet 2016, Washington a annoncé le déploiement du système THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) sur le territoire sud-coréen, ce qui suscite l’hostilité de la Chine et de la Russie. Plus récemment, des avions F-35B ont été envoyés au Japon.

Et, lors d’un déplacement en Asie du sud-est, en février, le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, a prévenu qu’une attaque nucléaire nord-coréenne contre les États-Unis et leurs alliés entraînerait une réponse « efficace et écrasante ».

Mais ce n’est pas tout. Outre ces mesures qui se veulent dissuasives, les États-Unis ont lancé une campagne de cyberattaques visant à saboter le programme nord-coréen de missiles. C’est ce qu’a en effet révélé le New York Times, le 4 mars. Une telle décision fut prise par le président Obama en 2014, suite à une série d’échecs du programme Ground-Based Midcourse Defense, un élément du bouclier anti-missile américain déployé en Alaska et en Californie.

Seulement, l’efficacité de ces cyberattaques fait débat, d’autant plus que l’une des difficultés aura été de pénétrer des systèmes propres à la Corée du Nord (par exemple, le pays a développé son système d’exploitation – Étoile Rouge OS). Certes, au cours de l’année 2014, de nombreux tirs de missiles nord-coréens (en particulier du BM25 Musudan) ont échoué. Pour autant, d’après certains experts, ces échecs ne seraient pas à mettre au crédit des attaques informatiques américaines dans la mesure où ils seraient la conséquences d’erreurs de conception et de défauts de fabrication, lesquels ont apparemment été corrigés depuis… En outre, en janvier, Kim Jung-un a affirmé que Pyongyang était dans la « dernière phase des préparatif » d’un premier essai d’un missile intercontinental à capacité nucléaire. Coup de bluff? Peut-être pas, d’après des analystes interrogés par le New York Times.

Quoi qu’il en soit, la fréquence des tirs de missiles nord-coréens observée en 2016 laisse penser que les cyberattaques américaines n’ont pas eu l’effet escompté. Peu après la publication de l’enquête du New York Times, soit dans la nuit du 5 au 6 mars, la Corée du Nord a de nouveau lancé une salve de 4 missiles, dont trois sont tombés dans la ZEE japonaise. D’après l’état-major sud-coréen, ces engins auraient parcouru environ 1.000 km et atteint l’altitude de 260 km.

Comme d’habitude, ces tirs ont suscité de vives réactions. Ainsi, le Premier minsitre japonais, Shinzo Abe, a parlé d’un « acte de provocation » menaçant la sécurité de son pays. « Nous ne pouvons en aucun cas tolérer celaé », a-t-il lance. Pour le président sud-coréen par intérim, Hwang Kyo-Ahn, il s’agit d’une « menace immédiate et réelle ». Et d’ajouter : « Considérant la brutalité et l’imprudence témoignées par les dirigeants de la Corée du Nord avec le meurtre de Kim Jong-Nam, les conséquences de la détention de l’arme nucléaire par le Nord seront épouvantables et inimaginables. »

À Washington, le tir de ces 4 missiles a été « condamné fermement ». « Nous restons préparés – et nous allons continuer à prendre les mesures nécessaires pour cela – à nous défendre et à défendre nos alliés contre une attaque, et nous sommes prêts à utiliser toute la gamme des moyens à notre disposition contre cette menace croissante », a fait valoir Mark Toner, un porte-parole de la diplomatie américaine. « Et nous appelons la Corée du Nord à cesser ses provocations et sa rhétorique enflammée qui menacent la paix et la stabilité internationale, et à faire le choix stratégique de remplir ses obligations et engagements internationaux et de revenir à des discussions sérieuses », a-t-il continué.

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