L’État islamique menace la Chine

En décembre 2015, après l’assassinat d’un otage chinois, l’État islamique (EI ou Daesh), via son agence de communication Al-Hayat Media, diffusa sur les réseaux sociaux, pour la première fois, des chants en mandarin appelant au jihad. A priori, l’idée était d’appeler les musulmans chinois à rejoindre ses rangs.

La Chine compte une communauté musulmane relativement importante. Outre les Ouïghours, qui vivent dans la province du Xinjiang (nord-ouest), il faut aussi prendre en compte l’éthnie Hui, laquelle pratique l’islam et parle le mandarin. Et, selon les chiffres de Pékin, près de 300 ressortissants chinois (dont une centaine d’Ouïghours) combattaient, en 2015, dans les rangs de l’EI en Syrie et en Irak.

Mais la situation au Xinjiang préoccupe Pékin depuis maintenant plusieurs années. Cette province, dont l’extraction de pétrole et de gaz naturel représente 60% de l’économie locale, est régulièrement la proie de tensions entre les Ouïghours et les Hans, les premiers s’estimant victimes de discriminations par rapport aux seconds.

En outre, cette région a été « sinisée » à marche forcée, ce qui a provoqué, en retour, une forte contestation. En 2009, la capitale provinciale, Urumqi, fut le théâtre d’émeutes durement réprimées (on comptera près de 200 tués et 800 blessés). Par ailleurs, certains militants de la cause Ouïghoure, radicalisés, partirent gonfler les rangs d’organisations comme al-Qaïda ou l’État islamique.

Jusqu’à présent, l’EI n’a jamais revendiqué d’attentat sur le sol chinois, alors que des attaques (commises à l’arme blanche, le plus souvent) ont déjà fait des centaines de morts dans le Xinjiang. Mais cela pourrait changer avec le message adressé par des jihadistes ouighour à Pékin.

Ainsi, dans une vidéo de 28 minutes, repérée par SITE Intelligence Group, un membre ouïghour de Daesh, couteau en main, a menacé la Chine, avant d’égorger un prisonnier, présenté comme étant un informateur.

« Vous les Chinois qui ne comprenez pas ce que les gens disent! Nous sommes les soldats du Califat, et nous viendrons à vous pour clarifier les choses en faisant parler nos armes, pour verser des rivières de sang afin de venger les opprimés », a hurlé ce jihadiste.

D’après Michael Clarke, un expert du Xinjiang à l’Université nationale australienne de Canberra, sollicité par l’AFP, ce message serait « la première menace directe » de l’EI contre la Chine. Désormais, selon lui, Pékin est « une cible de la rhétorique jihadiste. »

Par ailleurs, les autorités chinoises redoutent de voir s’implanter une franchise de Daesh en Afghanistan, pays qui partage une frontière avec le Xinjiang.

Coïncidence ou pas, peu avant la diffusion de cette vidéo, plus de 10.000 soldats chinois ont été envoyés à Urumqi ainsi que dans trois autres villes du Xinjiang, dans le cadre d’une « offensive totale » contre le terrorisme.

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