M. Trump annonce une hausse « historique » des dépenses militaires américaines

Quand il était en campagne électorale, Donald Trump avait deux slogans : s’occuper de l’Amérique en premier (America First, un slogan utilisé par le président Woodrow Wilson un siècle plus tôt) et rendre sa grandeur à l’Amérique (Make America Great Again, une expression déjà employée par Ronald Reagan et Bill Clinton).

Et, pour cela, M. Trump avait promis de « reconstruire » les forces armées américaines, sollicitées comme jamais depuis le début des années 2000 avec les interventions en Afghanistan et en Irak tout en faisant face à des coupes budgétaires, « shutdown » oblige, et en finançant des programmes d’armement très coûteux (avion F-35, nouveau porte-avions, etc…)

Certes, le budget nominal du Pentagone est le plus important du monde, avec 582,7 milliards de dollars, auquel il faut ajouter une enveloppe conséquente servant à financer à les opérations extérieures (Overseas Contingency Operations, OCO). Mais le niveau de vie n’est pas le même aux États-Unis qu’en Russie ou en Chine (ce qui joue sur la masse salariale) et la dépense ne fait pas l’efficacité.

Début février, plusieurs responsables militaires américains ont décrit, lors d’une audition au Congrès, les difficultés auxquelles ils doivent faire face, notamment en matière d’équipements (l’US Air Force est « la plus petite, la plus ancienne et la moins opérationnelle » de son histoire, dixit son numéro deux), de préparation au combat, d’infrastructures ou encore de maintenance.

Peu avant, le président Trump avait signé un décret pour exiger du Pentagone un audit sur l’état opérationnel de ses troupes. Il s’agit « d’entamer une grande reconstruction des forces armées des Etats-Unis, pour développer un plan pour de nouveaux avions, de nouveaux navires, de nouvelles ressources et de nouveaux outils pour nos hommes et femmes en uniforme », avait-il expliqué.

Aussi, l’on peut s’attendre à une augmentation conséquente des dépenses militaires américaines. Ce que le président Trump a confirmé, en annonçant, à la veille de prononcer son premier discours devant le Congrès, intention de demander « hausse historique » du budget du Pentagone, ce dernier devant être abondé par 54 milliards de dollars supplémentaires (+9%).

« Ce sera un événement majeur, un message au monde en ces temps dangereux, sur la force et la détermination de l’Amérique », a fait valoir le président Trump, qui avait récemment évoqué « la plus grande montée en puissance de l’armée de l’histoire de l’Amérique ». Et d’ajouter, devant les gouverneurs des États : « Nous devons gagner, nous devons commencer à de nouveau gagner des guerres » car « quand j’étais jeune, tout le monde disait que nous ne perdions jamais de guerre [sauf le Vietnam, ndlr]. Vous vous souvenez ? L’Amérique ne perdait jamais. Et maintenant, nous ne gagnons jamais de guerre. »

Cependant, ces 54 milliards ne vont pas tomber du ciel. La hausse du budget militaire américain sera donc compensée par la baisse d’un montant équivalent d’autres dépenses fédérales. Ce qui en fera « la proposition de réduction la plus importante depuis les premières années de l’administration Reagan », selon Mick Mulvaney, le directeur du Budget. En premier lieu, l’aide internationale et la coopération seront les premiers secteurs impactés. « Nous dépenserons moins à l’étranger et plus chez nous », a-t-il dit, dans le droit fil du slogan « America First ».

L’annonce du président Trump aurait de quoi réjouir les responsables militaires, lesquels, par ailleurs, aimeraient bien que les élus du Congrès arrête de s’opposer à la fermeture de bases situées dans leurs circonscriptions… Seulement, une centaine d’officiers généraux en retraite, dont le général David Petraeus et l’amiral James Stavridis [ancien commandant suprême des forces de l’Otan, ndlr] ont demandé, dans une lettre, que les budgets alloués à l’aide au développement ne soient pas touchés pour financer l’effort en matière de défense.

Selon eux, les fonds du département d’État [diplomatie, ndlr] sont « essentiels pour garantir la sécurité des Etats-Unis » et l’aide au développement est même « cruciale pour prévenir les conflits et mettre en danger le moins possible nos hommes et femmes en uniforme. »

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