M. Le Drian a évoqué la présence de sous-marins russes « jusque devant les côtes bretonnes »

En novembre 2016, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait évoqué des « incursions » de sous-marins russes dans le golfe de Gascogne, ce qui, selon lui, mettait « au défi nos capacités de patrouille maritime » et confortait le « choix de la future frégate de taille intermédiaire (FTI), ainsi que d’autres programmes navals qui renouvellent et renforcent nos moyens de surveillance et de protection de nos espaces maritimes. »

Seulement, le golfe de Gascogne est vaste étant qu’il est délimité par une ligne passant par la Pointe de Penmarc’h (Bretagne) au nord et le Cap Ortegal (Galice, Espagne) au sud. Autrement dit, les sous-marins russes évoqués par le ministre auraient pu tout aussi bien être repérés au large de la Gironde ou non loin de la côte vendéenne.

Lors d’une récente audition au Sénat, M. Le Drian a été plus précis, même s’il n’a fait qu’effleurer le sujet. « Aux risques de la faiblesse s’ajoutent donc les menaces de la force, par exemple en mer de Chine ou dans l’Atlantique Nord, où croisent de nouveau des sous-marins russes, ce qu’on n’avait pas vu depuis longtemps – et jusque devant les côtes bretonnes! », a-t-il en effet lancé. Et l’on aurait bien aimé qu’il soit relancé sur cette question par les sénateurs…

Étant donné que le golfe de Gascogne est une partie de l’Atlantique Nord, l’on peut donc supposer que les submersibles russes ont navigué au large du littoral sud de la Bretagne. Et de là, il n’y a qu’un pas à franchir pour aller du côté de l’Île-Longue, la base navale qui abrite les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la dissuasion française. D’ailleurs, c’est à la pointe de Penmarc’h que ces derniers effectuent leurs tirs d’essais de missiles M-51…

Coïncidence ou pas, dans son édition du 27 février, le quotidien Le Figaro a justement publié un article sur la vigilance renforcée de la Marine nationale aux abords de l’Île-Longue, face aux sous-marins russes.

La présence de sous-marins étrangers aux abords de la base de l’Île-Longue, a expliqué l’état-major de la Marine nationale au journal, revient à envoyer ce message : « Je veux limiter votre liberté d’action dans les eaux qui abritent votre force la plus précieuse qui garantit votre indépendance. » Et de rassurer : « Il n’y a de notre côté aucune ambiguïté dans la réponse. Notre liberté d’action est toujours assurée par le déploiement des moyens nécessaires. »

Pour le commandant de la Force océanique stratégique (Fost), le vice-amiral d’escadre (VAE) Louis-Michel Guillaume, les approches brestoises doivent pouvoir constituer un ‘sanctuaire’ national au profit des SNLE dans lequel aucune coopération avec nos alliés n’est possible. »

Alors que, généralement, la Marine nationale ne livre que peu de détails sur les opérations menées près de l’Île-Longue, l’article du Figaro énumère, dans les grandes lignes, les mesures prises pour protéger ce « sanctuaire national. » Ainsi, les fonds sont régulièrement contrôlés par des chasseurs de mines et des hélicoptères (NH-90 Caïman, quand ils sont disponibles), chaque SNLE qui part en mission est accompagné par au moins une frégate multimissions (FREMM), des dispositifs pour « blanchir » la zone sont mis en place et, éventuellement, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) peut être sollicité.

« C’est la superposition de l’ensemble de ces moyens qui permet de garantir la sécurité de la force océanique stratégique », a expliqué l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la marine (CEMM). Seulement, le souci est que ces moyens sont de plus en plus sollicités alors qu’ils sont réduits…

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