Rythme opérationnel, mutations… Le nombre de divorces augmente chez les militaires

Quand on est jeune officier ou sous-officier et encore célibataire, le rythme opérationnel et les changements d’affection ne pose pas vraiment de problèmes. En revanche, il en va autrement quand il s’agit de fonder une famille. Comme le disait Sacha Guitry, « le mariage, c’est résoudre à deux les problèmes qu’on n’aurait pas eus tout seul ». Et la vie militaire cause des difficultés qu’un couple de civils ne connaît pas.

En effet, comme l’a souligné le député Charles de la Verpillière, co-auteur, avec Geneviève Gosselin-Fleury, d’un rapport sur la protection sociale des militaires, « une des caractéristiques de la condition militaire est ses implications pour les familles ». Or, a-t-il ajouté, le « moral du militaire dépend fortement de celui de ce qu’on appelle sa ‘base arrière' » et le « bien-être de la famille est donc une condition essentielle de l’efficacité de nos armées. »

Seulement, comme l’a relevé Mme Gosselin-Fleury, les absences dues aux rythme opérationnel associées à leur imprévisibilité, mettent « les couples à rude épreuve », avec des conjoints qui « se retrouvent seuls pour gérer l’ensemble de la vie quotidienne, effectuer les démarches administratives et s’occuper des enfants. »

À cela vient s’ajouter la fréquence des mutations. D’ailleurs, les rapporteurs estiment qu’il « serait souhaitable de mener une réflexion globale sur l’utilité de changements d’affectation si rapprochés. » Ces derniers compliquent la vie familiale dans la mesure où le conjoint du militaire devra abandonner son travail sans être certain de pouvoir en trouver un autre. Et c’est sans parler des difficultés liées au logement, certaines villes étant plus « chères » que d’autres, et des problèmes pour la scolarité des enfants.

« Le calendrier des mutations et celui de l’éducation nationale ne sont pas synchronisés, ce qui empêche les inscriptions en temps requis. […] D’autant que le choix d’un établissement est devenu un enjeu que beaucoup de parents considèrent comme déterminant pour l’avenir de leurs enfants », a noté Mme Gosselin-Fleury. « Face à ces difficultés, a-t-elle continué, de nombreux militaires inscrivent leurs enfants dans des écoles privées qui acceptent les pré-inscriptions ou alors font le choix du célibat géographique pour ne pas déraciner, notamment leurs adolescents, qui semblent le moins enclins à la mobilité. »

Ces contraintes font que des militaires préfèrent mettre un terme à leur engagement pour éviter de connaître le sort de certains de leurs camarades qui ont dû se résoudre à un divorce.

D’après les deux députés, « l’augmentation du nombre de divorces ou l’apparition de nouvelles difficultés au sein des familles constitue un problème de fidélisation » des militaires, lequels sont « en général davantage mariés que le reste de la population. » Or, a fait valoir Mme Gosselin-Fleury, le « nombre de divorces y est plus important. »

« Ces dernières années, la suractivité a fait apparaître de nouvelles difficultés qu’il convient de prendre en compte. Aujourd’hui, certains militaires partent pour une intervention en OPEX, passent trois semaines à la maison, sont mobilisés sur Sentinelle, repartent en formation et, en définitive, ont été absents de la maison deux cents jours dans l’année! », a souligné la parlementaire.

La hausse des séparations ne va pas sans poser de nouvelles difficultés pour les personnels concernés. « Certaines indemnités […] sont réservées à des couples mariés pascés depuis plus de deux ans. Les parents divorcés ont le sentiment de subir une ‘double peine’ : ils n’ont que très rarement la garde de leurs enfants et perdent alors les indemnités liées à la parentalité et, s’ils sont bien éligibles à un logement familial, ce qui permettrait de les accueillir convenablement le week-end ou pendant les vacances, ils n’ont plus les moyens financiers de se le voir attribuer », a fait remarquer M. de la Verpillière.

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