Le système de défense aérienne russe S-400 a les faveurs de la Turquie

Le consortium réunissant Lockheed-Martin ainsi que les filiales allemande et italienne du missilier MBDA a récemment proposé à Ankara un partenariat concernant le système de défense aérienne MEADS (Medium Extended Air Defense), dans le cadre du programme turc T-Loramids.

« Nous offrons un système à architecture ouverte qui vise à prendre en compte les systèmes turcs déjà existants et à aider l’industrie turque à développer des systèmes qui pourront y être intégrés », a récemment expliqué Mirko Niederkofler, le directeur du développement des affaires internationales chez MEADS International.

Cette offre vient après que la Turquie a annulé les discussions portant sur l’acquisition du système chinois Hongqi-9/FD 2000, sélectionné en 2013 aux dépens du consortium franco-italien Eurosam (SAMP-T) et du tandem américain Raytheon/Lockheed-Martin (Patriot PAC-3).

À l’époque, ce choix avait été critiqué étant donné que le système chinois, basé sur le S-300 russe, n’était pas compatible avec ceux utilisés par l’Otan, à moins de communiquer à Pékin des informations confidentielles susceptibles de compromettre les procédures entre les Alliés.

Par la suite, Ankara annonça son intention de développer son propre système de défense aérienne, via les sociétés Aselsan (électronique) et Roketsan (missile) et avec le « soutien d’un système d’armement mondialement reconnu. » D’où, sans doute, l’offre de MEADS International. Mais, visiblement, le consortium risque de perdre son temps à lorgner le marché turc.

En effet, en octobre 2016, dans la foulée du spectaculaire rapprochement entre Moscou et Ankara, l’on apprenait que les forces turques s’intéressaient de près au système russe de défense aérienne S-400 Triumph (code Otan: SA-21 Growler).

Le 21 février, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, aurait affirmé, selon l’agence russe TASS, qu’un accord entre Ankara et Moscou serait sur le point d’être trouvé pour la livraison de batteries S-400. Mais, le lendemain, son homologue de la Défense, Fikri Isik, s’est montré plus prudent, tout en confirmant que le système russe tenait la corde.

« La Turquie a besoin d’un système de défense antimissile et a lancé un programme dans le but de développer une solution nationale. Ce programme prend du temps, donc nous avons discuté avec différents pays pour répondre à cette exigence urgente. Et il semble que la Russie est le candidat le plus approprié pour satisfaire les besoins du pays », a en effet affirmé M. Isik, lors d’un entretien télévision. Toutefois, a-t-il ajouté, « nous ne sommes pas encore en mesure de signer un accord demain. »

De son côté, Tchemezov, le patron du conglomérat russe Rostec, a confirmé l’intérêt de la Turquie pour le système S-400. « Des pourparlers sont en cours et la question clé porte sur le financement », a-t-il dit, en marge du salon de l’armement IDEX 2017, aux Émirats arabes unis.

Seulement, comme pour le Hongqi-9/FD 2000, l’acquisition éventuelle de batteries S-400 par la Turquie va poser des problèmes de compatibilité avec les systèmes de l’Otan…

« Je crois qu’ils [l’Otan] comprendront la décision de la Turquie [d’acheter le système S-400 », a estimé Fikri Isik. « Certains Alliés ont des systèmes achetés auprès de pays qui n’appartiennent pas à l’Otan », a-t-il fait valoir.

Effectivement, la Grèce dispose de deux batteries de défense aérienne S-300, de facture russe. Ces dernières avaient été initialement acquises par Chypre vers la fin des années 1990. Ce qui provoqua une crise régionale, la Turquie n’acceptant pas cet achat. Finalement, les forces grecques les reprirent pour les installer en Crète.

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