Le président Trump veut-il relancer la course aux armements?

En avril 2009, lors d’un discours prononcé à Prague, l’ex-président Barack Obama avait affirmé que les « États-Unis, en tant que seule puissance […] à avoir jamais utilisé » la bombe atomique avaient « la responsabilité morale d’agir » et d’oeuvrer « en faveur de la paix et de la sécurité d’un monde sans armes nucléaires. » Et d’ajouter : « Je ne suis pas naïf, cet objectif ne sera pas atteint rapidement, peut-être pas de mon vivant. » A priori, il ne croyait pas si bien dire….

En vertu du New START, un nouveau traité de réduction des armes stratégiques, entré en vigueur en février 2011 pour une durée de 10 ans, les États-Unis et la Russie doivent réduire leurs arsenaux respectifs à 1.550 têtes nucléaires déployées et à 700 le nombre de missiles et vecteurs capables de les mettre en oeuvre.

Seulement, ce traité ne semble pas avoir les faveurs de Donald Trump, le successeur de M. Obama à la Maison Blanche. En effet, il a été rapporté qu’il avait critiqué ce texte lors d’une conversation téléphonique avec Vladimir Poutine, son homologue russe. Des critiques qu’il a renouvelées au cours d’un entretien accordé à l’agence Reuters.

« Encore un mauvais accord que le pays a fait, que ce soit START, ou l’accord sur l’Iran… Nous allons commencer à faire de bons accords », a lancé M. Trump, estimant que le New START était « trop favorable à la Russie. »

Avant son investiture, M. Trump avait semé le doute en affirmant, via Twitter, que les États-Unis « devaient fortement renforcer et développer leur capacité nucléaire jusqu’au moment où le monde reviendra à la raison en ce qui concerne les armes nucléaires. » Ces propos furent perçus par beaucoup comme étant de nature à relancer la course aux armements.

« Personne, moi le premier, n’aimerait voir (…) quelqu’un posséder des armes nucléaires mais nous n’allons pas rester à la traîne derrière un autre pays, même un pays ami », a dit M. Trump à Reuters. « Ce serait merveilleux, un rêve qu’aucun pays ne possède d’arme nucléaire, mais si des pays sont amenés à en avoir, nous serons en tête du peloton », a-t-il ajouté. De quoi relancer à nouveau les spéculations sur ses intentions…

Pour le moment, les États-Unis prévoient de moderniser leurs forces stratégiques ainsi que les laboratoires liés à leur programme nucléaire, ce qui nécessite un investissement de 1.000 milliards de dollars d’ici 2030. Il s’agit notamment de développer un nouveau bombardier (le B-21 Raider de Northrop Grumman), d’acquérir des sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) de nouvelle génération et de traiter les obsolescences des missiles balistiques sol-sol Minuneman III. Il n’est donc pas question d’augmenter le nombre de têtes nucléaires. À moins que M. Trump en décide autrement, en dénonçant le New Start.

Par ailleurs, le président américain a aussi évoqué, toujours dans l’entretien donné à Reuters, le déploiement d’un missile de croisière à capacité nucléaire russe, ce qu’interdit le traité sur les Forces nucléaires intermédiaires (FNI). « Pour moi, c’est grave », a-t-il dit, avant d’assurer qu’il évoquerait cette question avec M. Poutine s’ils se recontrent.

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