La formation d’élèves-gendarmes français va être délocalisée en Espagne

En 1810, il fut décidé de créer la « gendarmerie française d’Espagne » (dite aussi « petite gendarmerie d’Espagne) pour accompagner les armées napoléoniennes dans la péninsule ibérique. Près de 210 ans plus tard, des gendarmes français seront à nouveau affectés de l’autre côté des Pyrénées.

En effet, l’occasion du 25e sommet franco-espagnol qui s’est tenu à Malaga, le 20 février, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Le Roux, et son homologue espagnol, Juan Ignacio Zoido Álvarez, ont signé une série d’accords visant à accroître la coopération entre les deux pays.

Ainsi, via un communiqué diffusé à l’issue par la place Beauvau, l’on apprend qu’un projet de « coopération de formation des élèves gendarmes » français a été mis sur les rails.

« Celui-ci prévoit que la France utilise, à titre payant, des infrastructures de formation en Espagne pouvant héberger une compagnie de 120 élèves-gendarmes pendant les 8 mois de leur instruction initiale, à partir du deuxième semestre 2017 », peut-on lire dans le texte.

La formation des élèves sera assurée par des gendarmes français. Enfin, le communiqué précise qu’une « mission exploratoire sera menée à Madrid dans les semaines à venir » afin d’en « préciser les modalités. »

En clair, il s’agit donc d’utiliser des infrastructures en Espagne (appartenant sans doute à la Guardia Civil, qui a un statut militaire) pour absorber une partie de l’afflux de nouveaux élèves gendarmes, résultat de la hausse significative des recrutements, décidée après les attaques terroristes commises en France en 2015 et 2016. En outre, il faut aussi former les réservistes de la gendarmerie, dont les effectifs sont appelés à augmenter significativement pour les besoins de la Garde nationale.

Et recruter davantage suppose des besoins accrus en matière de formation. Or, en 2008, le nombre d’écoles de gendarmerie a été réduit, avec la fermeture de celles de Châtellerault, du Mans, de Libourne et de Montargis. Une nouvelle a bien vu le jour à Dijon, dans l’enceinte de l’ancienne base aérienne. Seulement, c’est encore bien insuffisant.

Cela étant, l’on peut se demander s’il est bien opportun de délocaliser la formation de 120 élèves gendarmes en Espagne étant donné que les infrastructures ne doivent pas manquer en France… En outre, comment feront les nouveaux gendarmes pour prêter serment, sachant que cette procédure se fait « près du Tribunal de grande instance (TGI) du lieu d’implantation de leur école de formation initiale »?

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