Incident naval « sérieux » entre la Grèce et la Turquie

Les relations entre la Grèce et la Turquie ne sont pas les meilleures du monde, ces deux pays, pourtant membres de l’Otan, ayant plusieurs contentieux, dont la question de Chypre et la délimitation de leurs eaux territoriales respectives en mer Égée.

Mais la tension est récemment montée d’un cran quand la Cour suprême grecque a refusé d’extrader 8 militaires turcs ayant trouvé refuge en Grèce après le coup d’État manqué du 15 juillet 2016. Cette décision a été motivée par le risque de voir les fugitifs être torturés et de ne pas bénéficier d’un procès « juste et équitable ».

Peu après cette décision, rendue le 26 janvier dernier, une frégate, avec, à son bord, le chef d’état-major de l’armée turque, le général Hulusi Akar, a fait une incursion dans les eaux territoriales grecques, près des îlots Imia, dont l’appartenance est revendiquée par Ankara. Les mouvements de ce navire, accompagné par deux embarcations des forces spéciales, ont été « surveillés en permanence » par la marine grecque.

Plus tard, le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos, a survolé la zone où s’était produit l’incident et lancé une couronne de fleurs en hommage à trois militaires tués lors de la chute de leur hélicoptère en 1996, année où la crise entre les deux pays aurait pu dégénérer s’il n’y avait pas une forte pression diplomatique américaine.

Ce geste du ministre grec a été très mal reçu par Ankara, où, par ailleurs, la campagne pour le référendum constitutionnel prévu en avril prochain bat son plein. « Reprends tes esprits! », a ainsi lancé Mevlüt Cavusoglu, le chef de la diplomatie turque, à M. Kammenos. « Si un accident se produisait – Dieu nous en garde -, ce serait irréparable », a-t-il même prévenu.

Seulement, les choses n’en sont pas restées là. Ce 17 février, un patrouilleur de la marine turque a effectué des tirs alors qu’il naviguait dans les eaux grecques, précisément au large de l’île de Pharmakonissi, dans le sud-est de la mer Égée. La frégate grecque Nikiforos Fokas [photo] est alors intervenue et a adressé « tous les avertissements d’usage » au navire turc.

« Il s’agit d’un incident sérieux, qualitativement différent de ce que la Grèce dénonce comme des récurrentes violations turques de ses zones de souveraineté en Égée », a commenté une source de l’état-major grec, rapporte l’AFP.

D’après la même source, Ankara avait émis, la veille, un avis de manoeuvres dans la zone concernée. Mais Athènes l’avait rejeté car il « engageait une zone dans les eaux grecques. » Depuis l’incident, la marine hellène est resté en état de « surveillance renforcée ».

Ces tensions entre la Grèce et la Turquie surviennent à un moment clé dans la mesure où ces deux pays sont en première ligne face à la crise migratoire que connaît l’Europe. En outre, ils sont également impliqués dans les négociations actuellement en cours en vue de la réunification de Chypre, l’île ayant été divisée en deux depuis l’invasion, en 1974, de sa partie nord par la Turquie.

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