Derrière le bilan des opérations, il y a la bravoure des soldats

Les comptes rendus des opérations publiés chaque semaine par l’État-major des armées (EMA) sont généralement laconiques et ne donnent ainsi pas trop de détails. Ce n’est que bien plus tard que l’on apprend les dessous de telle ou telle mission, grâce à la lecture d’un RETEX (retour d’expérience) publié par le Centre de doctrine et d’enseignement du commandement (CDEC), d’un article de presse ou bien encore d’un livre de souvenirs écrit par l’un des acteurs.

Par exemple, sans l’agenda 2016 de la Légion étrangère, les coups d’éclat de l’adjudant-chef Piotr S., du 2e Régiment Étranger de Parachutistes, auraient injustement été passés sous silence…

Cependant, il arrive parfois qu’un régiment ayant participé à des opérations livre quelques informations permettant d’appréhender la réalité du terrain. C’est notamment le cas quand l’un des siens reçoit une décoration pour ses faits d’armes. Ainsi en est-il du maréchal des logis Vincent, du 93e Régiment d’Artillerie de Montagne (RAM), qui s’est vu décerner la médaille d’or de la Défense nationale avec étoile de bronze pour son comportement au Niger, en qualité d’ajoint au chef d’équipe « extraction immédiate » au sein du sous-groupement aéromobile de la force Barkhane.

Ce sous-officier a participé, en novembre 2015, à l’opération Vignemale, menée par la force Barkhane dans le nord du Mali et du Niger. D’après le compte-rendu de l’EMA, cette dernière a permis de neutraliser deux jihadistes et d’en interpeller « plusieurs » autres ainsi que de découvrir une vingtaine de caches d’armes, d’intercepter six pick-up et de saisir des munitions.

Ce bilan a partiellement été acquis le 17 novembre 2015. Selon le texte de la citation qui lui a été attribuée, le maréchal des logis Vincent faisait partie, ce jour-là, d’un « module de 4 hélicoptères visant à intercepter un convoi » à proximité de la frontière libyenne. « Déposé au plus près d’un premier véhicule stoppé » et « appuyé par la mitrailleuse embarquée », le sous-officier a « parfaitement mené la progression en assurant la sécurisation au plus loin du dispositif ». Ce qui a permis la « capture de 4 assaillants et à la saisie d’armement, de munitions et de moyens de télécommunications ».

Le même jour, poursuit le texte, le maréchal des logis du 93e RAM s’est à nouveau illustré alors qu’il était « engagé avec son équipe dans le même secteur ». Et le même scénario s’est joué, à la différence que « deux individus armés s’étaient retranchés » dans le véhicule visé. Grâce à son sang-froid et à son action, le sous-officier a « participé à la confiscation du véhicule militarisé, d’armement et de munitions ». La citation ne dit rien du sort des deux terroristes.

Mais ce n’est pas tout. Le 14 janvier 2016, cette fois dans le cadre de l’opération Aradou, menée dans les régions de l’Aïr et du Ténéré au Nord Niger, le sous-officier s’est une nouvelle fois distingué. Le compte-rendu qui en a été fait par l’EMA parle de l’interception de 6 pick-up, d’armes et de munitions. Mais ce bilan n’est pas complet.

Toujours selon la citation, le maréchal des logis Vincent a participé à l’interception d’un « engin motorisé » et en a immobilisé les occupants. Puis, « l’aéronef » en appui étant en limite de carburant, il a maintenu le dispositif de sécurité le temps que cet appareil aille se ravitailler. Et le texte de conclure : « A ainsi pris une part active à l’arrestation de 4 terroristes, à la réquisition d’un véhicule, de nombreux matériels, d’armements et de fonds destinés à l’ennemi. » Pour cela, il mérite d’être « cité en exemple ».

Pour être un exemple, encore faut-il connaître les actions menées… Comme le disait le regretté général Bigeard, « il faut faire et faire savoir ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]