Saab se propose d’installer un « éco-système industriel » en Inde pour produire son avion Gripen E/F

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Le 3 janvier, le ministre indien de la Défense, Manohar Parrikar, a confirmé que New Delhi lancerait prochainement un appel d’offres visant à doter sa force aérienne de 200 à 250 exemplaires d’un avion de combat monomoteur qui serait produit sous licence en Inde dans le cadre de la politique gouvernementale « Make in India ».

À cette fin, une requête pour informations (RFI, Request for Information) a été adressée à deux constructeurs occidentaux susceptibles de satisfaire les exigences de New Delhi, à savoir le groupe suédois Saab, avec son Gripen E/F, et le constructeur américain Lockheed-Martin, suscptible de proposer le F-35 et le F-16. L’une des conditions pour remporter la mise concerne le niveau des transferts technologiques que les deux candidaient seraient prêts à consentir.

D’où la proposition faite le 10 février par Saab. En effet, l’industriel suédois compte installer en Inde une usine qui serait la « plus moderne du monde » afin de produire les JAS-39 Gripen E/F destinés à l’Indian Air Force et au marché « mondial ». Cette offre concerne non seulement l’assemblage des avions mais aussi la fabrication de ses capteurs et sa maintenance. Et l’installation d’un centre de recherche et de développement (R&D) est même prévue.

Cet « écosystème technologique », qui permettrait de fabriquer en Inde les pièces et les « sous-ensembles » de l’avion de combat suédois, devrait « établir de nouvelles normes en matière d’ingénierie aéronautique pendant les décennues à venir », a fait valoir Jan Widerström, le directeur de Saab India.

« L’offre de Saab sur la fabrication de chasseurs Gripen en Inde comprend la mise en place d’un nouvel écosystème industriel, avec les capacités de produire et de mettre à niveau » ces avions de combat « destinés au marché indien et à l’exportation », a résumé Mats Palmberg, le responsable des partenariats internationaux chez le constructeur suédois. Elle « implique le transfert de technologies essentielles pour l’Inde et une coopération étroite avec les entreprises et les fournisseurs indiens », a-t-il ajouté.

Visiblement, Saab met le paquet pour séduire New Delhi, qui ne compte pas lancer ce programme d’avion de combat monomoteur, dont le prix unitaire ne devra pas dépasser les 45 millions de dollars, d’ici 2021. Si cette offre est retenue, on voit mal comment l’industriel suédois pourra proposer son Gripen E/F à d’autres pays, étant donné que les appels d’offre mettent désormais l’accent sur les contreparties industrielles (offset). En clair, s’il donne tout à l’Inde, il n’aura rien d’autre à proposer à d’autres clients éventuels.

Reste à voir ce que fera Lockheed-Martin. L’idée du constructeur américain est de délocaliser ses lignes de production de F-16 de Fort Worth (Texas) vers l’Inde, afin de se concentrer sur la production de F-35 aux États-Unis. Et comme l’administration Trump est hostile à ce genre d’opération (America First! oblige), l’industriel souligne que cette délocalisation n’aura pas d’impact sur l’emploi et qu’elle permettrait même de créer 200 postes d’ingénieurs.

Par ailleurs, cet appel d’offres ne devrait pas remettre en cause l’achat de 36 Rafale supplémentaires, comme l’a récemment indiqué un responsable indien du ministère indien de la Défense à Aviation International News, l’objectif étant d’équiper un total de 5 escadrons de l’Indian Air Force avec l’avion de Dassault Aviation.

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