Ukraine : Vague de morts mystérieuses chez les séparatistes pro-russes

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Occuper des fonctions importantes chez les séparatistes pro-russes qui s’opposent aux forces gouvernementales ukrainiennes dans le Donbass (sud-est de l’Ukraine) peut s’avérer très dangereux. Et, visiblement, les services secrets ukrainiens sont sans doute moins à craindre que les rivalités internes et les ambitions des uns et des autres.

Ainsi, le 8 février, le colonel Mikhaïl Tolstykh, alias « Guivi », le chef d’origine abkhaze du bataillon « Somali », qui s’était illustré lors des combats visant à prendre le contrôle de l’aéroport de Donetsk, en 2014, a été tué par une explosion survenue dans son bureau. Et, a priori, ce ne serait pas accidentel.

« Je confirme qu’un acte terroriste a eu lieu. Et Guivi est mort. Nous allons élucider cela », a confié à l’AFP, Edouard Bassourine, un haut responsable de la république populaire autoproclamée de Donetsk.

La mort de « Guivi » est survenu quatre jours après celle du colonel Oleg Anachtchenko, le « chef des milices du peuple » de la république populaire autoproclamée de Lougansk (LNR), autre fief séparatiste. Lui aussi a été tué par une explosion, en l’occurrence celle de sa voiture.

Pour les séparatistes de Lougansk, il ne fait aucun doute que les services secrets ukrainiens sont derrière cet attentat. Du moins, c’est ce qu’a affirmé Andreï Marochko, un porte-parole. « Nous allons traquer les auteurs de cet acte monstrueux et ils recevront la sanction appropriée », a-t-il dit.

Cela étant, Kiev a évidemment nié toute responsabilité, tout en avançant que la mort du colonel Anachtchenko serait liée à une lutte interne pour le pouvoir.

Quoi qu’il en soit, la liste de responsables séparatistes morts dans des conditions mystérieuses ne cesse de s’allonger. Notamment depuis le 1er janvier 2015, avec celle d’Alexandre Bednov, dit « Batman », qui fut un temps « ministre de la Défense » de la république de Lougansk. Comme, d’ailleurs le colonel Anachtchenko.

Tombé dans une embuscade avec 6 de ses hommes, Alexandre Bednov aurait fait de l’ombre à Igor Plotnitsky, alors président de la LNR et ancien chef du bataillon « Zarya ».

« Batman avait en sa possession des preuves de l’implication de Plotnitski dans divers trafics, dont un important détournement d’aide humanitaire, c’est pour ça qu’il s’est fait tuer », confiera plus tard, à l’Obs, Youri Beliaev, ex-conseiller de Bednov, réfugié à Saint-Petersbourg après la mort de son chef. Et d’ajouter : « Tout le monde savait que Plotnitski trafiquait de l’aide humanitaire dans la région. En octobre 2014, Batman m’a chargé de rassembler des informations sur l’ampleur de ce trafic. »

Toujours en janvier 2015, Evgen Ichtchenko, alias Malych (Bébé-cadum), maire auto-proclamé de la ville de Pervomayske (région de Lougansk) et commandant de « Garde cosaque », a été tué dans des cironstances similaires alors qu’il se trouvait avec des « bénévoles » venus apporter de l’aide humanitaire. Même chose, en mai, pour Alexeï Mozgovoï, le chef du 4ème bataillon de la défense territoriale de la « police populaire » de LNR, et, en décembre, pour Pavlo Dryomov, alias Batya (Papa), un chef de guerre cosaque.

En 2016, le président de la LNR, Igor Plotnitsky est à son tour visé. Mais il ressort indemne de l’attaque ayant visé sa voiture. Mais ses parents, réfugiés en Russie, ont eu moins de chance : un mois plus tard, ils sont tous les deux décédés après avoir absorbé des champignons vénéneux.

La liste ne s’arrête pas là : Gennadiy Zypkalov, ancien conseiller de Plotnitsky est retrouvé pendu dans la cellule où il avait été enfermé, après avoir été accusé de fomenter un « coup d’État ». Enfin, l’ancien président de la LNR, Valéri Bolotov, est décédé soudainement à Moscou, après avoir accusé son successeur d’avoir pris le pouvoir « illégalement ». Selon sa famille, il aurait été empoisonné. Mais, officiellement, la cause de sa mort est inconnue.

Toutes ces disparitions ne concernent pas seulement Lougansk. Le 16 octobre 2016, à Donetsk, Arseni Pavlov, alias « Motorola », a été tué par l’explosion d’une bombe – il fallait y penser – fixée à l’ascenseur de l’immeuble où il habitait… D’origine russe, il était visé par les sanctions de l’Union européenne en raison du rôle qu’il avait tenu dans les combats de Sloviansk et d’Ilovaïsk ainsi que dans la seconde bataille de l’aéroport de Donetsk.

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