Libye : Le maréchal Haftar loue le soutien militaire que lui fournit la France

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Avant décembre 2015, le choix était simple. Étant donné que le gouvernement de Baïda était issu d’un Parlement élu en juin 2014 et replié à Tobrouk, il était tout naturel le reconnaître face à celui qui, soutenu le Congrés général national (CGN, l’ancien Parlement), dominé par les islamistes, s’était maintenu à Tripoli.

Puis, sous l’égide des Nations unies, les deux parties rivales ont trouvé un accord pour former un gouvernement d’union nationale (GAN), dirigé par Fayez al-Sarraj. Et là, les choses sont devenues plus compliquées car le Parlement installé à Tobrouk a jusqu’à présent refusé de le reconnaître, en raison notamment de l’avenir qu’il réserve au maréchal Khalifa Haftar, le commandement de l’Armée nationale libyenne (ANL).

Comme il a reçu l’onction des Nations unies, la communauté internationale soutient officiellement ce gouvernement d’union nationale. Mais, officieusement, la réalité est un peu plus compliquée, à cause des impératifs liés au combat contre les organisations jihadistes.

Et, justement, les troupes du maréchal Haftar sont en première ligne contre les groupes extrémistes implantés en Cyrénaïque, c’est à dire dans la région de Benghazi… Mais aussi contre les milices de Misrata, qui soutiennent le GNA et qui ont chassé l’État islamique (EI) de Syrte, avec un appui aérien américain…

En juillet, la mort de trois membres du Service action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) dans la chute de leur hélicoptère, près de Benghazi, a révélé que Paris apportait son appui au maréchal Haftar tout en soutenant le gouvernement de M. al-Sarraj.


Maréchal Haftar : "Nous entretenons de bonnes… par lejdd

Dans les colonnes du Journal du Dimanche, le maréchal Haftar est revenu sur cette coopération. Les détails ne figurent pas dans le compte-rendu de cet entretien mais dans la vidéo que l’hebdomadaire a diffusée sur son site.

« En ce qui concerne la France, nous la considérons comme un pays ami. Cette amitié est née de son soutien historique à nos côtés », a dit le maréchal Haftar, qui, pour rappel, bénéficie de l’aide apportée par l’Égypte, les Émirats arabes unis et la Russie.

« La France a fait du très bon travail, qui consiste en notre soutien, et pas seulement. Elle fait partie des pays qui se sont dressés à nos côtés. Elle nous a réellement aidé comme aucun autre pays ne l’a fait », a continué le maréchal Haftar. Cependant, le soutien que lui apportent l’Égypte et les Émirats arabes unis est conséquent. Il a été question de fourniture d’armes, de raids aériens à Tripoli lors de l’été 2014 et même de l’installation d’une base en Cyrénaïque.

La France « nous a fourni des informations, de la reconnaissance militaire et des experts dans le domaine de la sécurité qui nous ont beaucoup aidés », a détaillé le maréchal Haftar, qui n’a pas manqué de rappeler le « sacrifice » de trois sous-officiers de la DGSE durant une « opération de reconnaissance ». « Nous étions profondément désolés et nous nous sommes exprimés à ce sujet à l’époque », a-t-il continué.

« Mais le gouvernement français ne nous a pas abandonnés. Il nous a rapidement fourni d’autres alternatives », a indiqué le chef de l’ANL, sans donner plus de précisions. Cela étant, l’on sait que des Rafale français effectuent régulièrement des missions de reconnaissance au-dessus de la Libye. Voire plus, comme l’a suggéré la mort de trois autres personnels de la DGSE dans l’accident de leur avion Fairchild Metroliner Mark III, à Malte, en octobre dernier.

« Évidemment, nous n’oublierons pas ce merveilleux travail. La France n’a pas participé par l’envoi de troupes au sol et d’ailleurs nous n’en avions pas besoin. L’aide consiste en des informations de reconnaissance et de sécurité. Nous avons énormément bénéficié de ces informations. Notre reconnaissance est sans limite », a insisté le maréchal Haftar.

Le compte-rendu écrit de l’entretien qu’il a donné est nettement plus sobre. Selon la retranscription, le maréchal Haftar dit : « Nous entretenons de bonnes relations avec la France, que nous considérons comme un partenaire dans la lutte contre le terrorisme. Elle nous soutient moralement et d’un point de vue sécuritaire. Mais il faudrait que ce soutien soit équivalent à celui qui est apporté, sur le plan politique, au gouvernement d’union nationale. La France soutient politiquement des acteurs qui n’ont aucun pouvoir. Mais ça nous va si nous recevons de l’aide en termes d’information et de renseignement. »

Quoi qu’il en soit, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait justifié, en septembre, l’appui donné aux troupes du maréchal Haftar, sans toutefois en préciser explicitement la nature et l’ampleur.

« En tant que ministre de la Défense de la France, j’ai un ennemi : Daesh. Je vais le dire avec brutalité : c’est pour moi la première constatation et la première obligation. Et quand Daesh est à Benghazi, et encore un peu à Derna, il est tout près. Et lorsque j’apprends que des mouvements sont signalés venant du Levant vers la Libye, je considère que l’on ne peut pas laisser se développer là un nouveau cancer », avait fait valoir M. Le Drian.

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