Afghanistan : Les pertes civiles et militaires ont atteint un niveau record en 2016

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L’élimination, en mai 2016, du mollah Mansour, alors chef du mouvement taleb afghan, n’a visiblement pas donné les résultats escomptés. Les pourparlers de paix sont restés dans l’impasse et, sur le terrain, les taliban ont intensifié leurs actions dans le cadre de leur traditionnelle offensive de printemps, appelée « Omari », en l’honneur du mollah Omar, leur leader historique.

La semaine passée, l’Inspection générale pour la reconstruction de l’Afghanistan (Sigar), une agence américaine dont le directeur, John Sopko, n’est pas un adepte de la langue de bois, a dressé tableau sombre de la situation.

Ainsi, entre le 1er janvier et le 12 novembre 2016, 6.785 soldats et policiers afghans ont été tués lors de combat contre les insurgés et 11.777 autres ont été blessés. Un bilan en hausse de 35% par rapport à l’année précédente, où le niveau des pertes des forces de sécurité afghanes avait déjà été jugé « insoutenable » avec plus 5.000 décès.

« Le nombre de groupes armés s’opposant au gouvernement de Kaboul augmente, et l’emprise géographique de celui-ci diminue. […] Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’armée afghane ne fait que jouer en défense et ne va pas s’en prendre aux taliban », a commenté M. Sopko.

Alors que plusieurs capitales provinciales sont sous la menace du mouvement taleb, dont Lashkar Gah (Helmand) et Kunduz, M. Sopko a indiqué que le gouvernement afghan ne contrôlait plus qu’environ 57% des 407 disctricts du pays, contre 72% un an plus tôt.

Cette intensification des combats, qui a par ailleurs motivé un assouplissement des règles d’engagement des 8.500 militaires encore présents en Afghanistan, se traduit par une hausse du nombre de victimes civiles.

D’après un rapport de la Mission des Nations unies en Afghanistan (Manua) [.pdf], 11.500 civils afghans ont été tués ou blessés en 2016, dont un tiers d’enfants. Il s’agit du pire bilan jamais établi depuis 2009.

Dans le détail, la Manua précise que 4.498 civils ont perdu la vie (+3% par rapport à 2015) et que 7.290 ont été blessés (+6%). Et plus de 3.500 enfants font partie des victimes, soit un chiffre en hausse de 24% en un an. La province du Helmand, contrôlée aux trois quarts par les taliban, est particulièrement touchée, avec 1.056 civils tués.

« La Manua a enregistré un nombre record de victimes des combats au sol, d’attaques suicides et d’explosifs abandonnés, ainsi que le pire bilan pour les victimes des opérations aériennes depuis 2009 », a commenté Danielle Bell, la directrice des Droits humains au sein de cette Mission de l’ONU.

D’après la Manua, les « éléments anti-gouvernementaux », c’est à dire les taliban et la branche afghano-pakistanaise de l’État islamique (EI, ou province de Khorasan), sont responsables de 61% des victimes civiles. Ainsi, la filiale de Daesh a tué 206 civils et en a blessé 690 autres lors d’attentats ayant visé la communauté chiite.

La responsabilité des forces gouvernementales est impliquée dans 24% des pertes civiles, soit une hausse de 46% par rapport à 2015. Pour la Manua, cela s’explique par l’intensification des combats et le manque de précautions pour éviter les dommages collatéraux.

Enfin, s’agissant des opérations aériennes, elles ont été la cause de la mort de 250 civils (et de 340 blessés), soit une hausse de 99% d’une année sur l’autre. La force aérienne afghane est impliquée dans 43% des cas (soit 85 tués et 167 blessés). Les forces aériennes américaines, qui sont les seules à disposer de capacités de frappe au sein de la mission Resolute Support, sont responsables de 40% des pertes civiles (127 tués et 108 blessés). Pour les 17% de cas restants, la Manua n’a pas été en mesure de déterminer les responsabilités.

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