Les efforts de l’armée américaine pour contrer la propagande jihadiste sont inefficaces

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L’armée américaine n’a jamais caché le fait qu’elle mène des opérations psychologiques (PSYOPS) visant en particulier la mouvance jihadiste. En juillet 2016, l’US Centcom, le commandement pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient, a même communiqué sur le dispositif mis en place pour contrer la propagande de l’État islamique sur Internet.

Ainsi, l’on apprenait que deux structures étaient chargées de cette mission : la Digital Engagement Team (DET), forte d’une dizaine de personnels maîtrisant les langues arabe, ourdou (pour le Pakistan), farsi (Iran), russe (pour l’Asie centrale), pachto et dari (pour l’Afghanistan).

Aux côtés de cette unité, un progamme appelé « WebOps » et confié à une entreprise privée (Colsa Corp., basée à Huntsville, Alabama), a été mis en place afin de contrer la propagande de l’État islamique sur les réseaux sociaux, et ainsi contrarier ses efforts en matière recrutement.

Pour autant, le général David Petraeus, ancien chef de la CIA et de l’US Centcom, a estimé, le 2 février, lors d’une audition devant le comité des Forces armées de la Chambre des représentants, que les efforts pour contrer la propagande jihadiste étaient encore insuffisants.

Et pour cause. Une longue  enquête de l’Associated Press, publiée cette semaine, a remis en cause l’efficacité de ces opérations de contre-propagande, en s’appuyant sur plusieurs témoignages. Si l’on veut contrer le discours jihadiste, encore faut-il le connaître et maîtriser la langue arabe. Or, a priori, ce n’est pas le cas des analystes du programme WebOPS.

L’AP évoque ainsi plusieurs exemples d’employés n’ayant qu’une expérience limitée des opérations de contre-propagande. Qui plus est, certains ne parlent même pas couramment l’arabe et ne connaissent pas grand chose à l’islam. « Beaucoup d’entre eux ne savent pas la différence entre le Hezbollah et le Hamas », a témoigné un ancien analyste qui a quitté ce programme pour un travail plus « sérieux ».

Un autre ex-employé du programme WebOps est allé dans le même sens en affirmant que ses anciens collègues, du moins pour la plupart, ne savaient pas la différence entre « sunnisme » et « chiisme », alors que l’antagonisme entre ces deux courants de l’islam déchire l’Irak et la Syrie.

« Engager des discussions théologiques sur les médias sociaux avec des gens qui connaissent bien le Coran n’est pas pour les débutants », a souligné l’AP, qui, pour couronner le tout, affirme que les résultats de ce programme ont été enjolivés. À noter que Colsa Corp et le Centcom n’ont pas souhaité faire de commentaires sur ces informations.

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