Centrafrique : La Mission des Nations unies ajuste son dispositif face à la menace des groupes armés

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Armée de libération du Seigneur (LRA), mouvements issus de l’ex-coalition rebelle de la Séléka, milices anti-balaka… Les groupes armés qui sévissent en Centrafrique ne manquent hélas pas. Et, depuis quelques mois, dans le nord-ouest du pays, à la frontière avec le Tchad et le Cameroun, un nouveau est apparu : le « 3R » pour « Réconciliation-Réintégration-Réparation ».

Cette formation, dirigée par un général autoproclamé appelé Sidicki, prétend vouloir défendre les Peuls contre les milices anti-balaka. En réalité, il ne s’agit que d’un prétexte pour se livrer à des pillages et à des exactions contre la population civile. Ainsi, ce groupe serait la cause du déplacement de plus de 17.000 personnes vivant dans la région où il sévit.

Et la liste des victimes de ce groupe ne cesse de s’allonger : le 2 février, au moins 15 personnes ont perdu la vie lors d’une attaque qu’il a menée à Bocaranga, où il a pillé deux bases d’organisations humanitaires internationales, l’église et des commerces.

Cela étant, les circonstances de cette attaque demandent encore à être précisées, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation de la République centrafricaine (Minusca) ayant mis le groupe 3R et les milices antibalakas dans le même sac. En tout cas, elle a dû intervenir pour faire cesser les troubles.

« Conformément à leur mandat, les Casques bleus déployés à Bocaranga sont intervenus pour arrêter les violences et ont ouvert le feu contre les éléments des deux camps », a-t-elle précisé.

Si l’opération française Sangaris, qui a officiellement pris fin en octobre 2016, a effectivement permis d’empêcher des massacres à grande échelle, de rétablir l’ordre constitutionnel et d’appuyer le déploiement de la Minusca, il n’en reste pas moins que la Centrafrique est encore loin de connaître la stabilité.

Car, outre les agissements du groupe 3R dans le nord, des affrontements ont régulièrement lieu dans le centre du pays, entre des factions de l’ex-Séléka, en particulier dans la région de Ouaka, c’est à dire dans les environs de la ville de Bambari, sur fond de luttes d’influence pour garder le contrôle du trafic de diamants.

Là, les combattants de l’Unité pour la Centrafrique (UPC), un groupe à dominante peule dirigé par Ali Daras, sont aux prises avec le Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC) du chef de guerre Noureddine Adam, qui, à dominante Goula, est allié au Mouvement Patriotique pour la Centrafrique (MPC) d’Al Katim. Et les accrochages, qui se déroulent depuis quelques semaines le long de deux axes stratégiques (route de Bria et route de Mbrés), sont particulièrement intenses.

« Ces combats sont extrêmement violents. On compte les blessés graves par centaines », a témoigné, auprès de RFI, un humanitaire travaillant à Bambari. Et certaines sources évoquent un bilan de plusieurs centaines de blessés.

Pour ne rien arranger, il faut prendre en compte des influences extérieures, parfois inattendues. Ainsi, le FPRC a été chargé de la protection d’installations appartenant à deux filiales du groupe Poly Technologies, contrôlé par l’État chinois.

Face à cette situation, la Minusca a été obligée de revoir son dispositif afin de gagner en mobilité, en flexibilité et en réactivité. « Avant, nos troupes étaient disposées un peu partout sur le territoire avec des bases opérationnelles temporaires. Avec le mandat adopté en juillet 2016, il fallait regrouper et former une force consistante. Les commandants de secteurs pourront disposer chacun d’une réserve qu’ils pourront utiliser en cas de besoin », a ainsi expliqué le général sénégalais Balla Keita, le Commandant des Forces de la mission des Nations unies.

S’agissant des groupes armés, le général Keita a précisé que la Minusca « continue à travailler pour les amener autour de la table et discuter dans le cadre du dialogue mis en place par les autorités. » Et de prévenir : « Pour ceux qui ne veulent pas dialoguer, nous trouverons d’autres moyens. »

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