Réunion en urgence du Conseil de sécurité des Nations unies après le tir d’un missile balistique iranien

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La résolution 2231 qui a entériné l’accord sur le programme nucléaire iranien, conclu à Vienne en juillet 2015, précisé que l’Iran est « tenu de ne pas entreprendre d’activité liée à des missiles balistiques capables de transporter des armes nucléaires » et de « s’abstenir d’effectuer des tirs recourant à la technologie des missiles balistiques, jusqu’au huitième anniversaire de la date d’adoption du Plan d’action ou jusqu’à la date de la présentation par l’AIEA [Agence internationale de l’énergie atomique, ndlr] » (*).

Or, depuis, l’Iran a procédé plusieurs essais de missiles balistiques. Et certains y ont vu un non-respect par Téhéran de cette résolution 2231. Ainsi, la France, l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni ont fait part de leurs « inquiétudes » à ce sujet.

Toutefois, Ban Ki-moon, l’ex-secrétaire général des Nations unies, s’était gardé de prendre parti. Dans un rapport présenté au Conseil de sécurité, en juillet 2016, il s’était seulement dit « préoccupé par le fait que ces tirs de missiles balistiques ne correspondent à l’esprit constructif manifesté par la signature » avant d’inviter l’Iran « à s’abstenir de mener de tels tirs » pour ne pas risquer « d’accroitre les tensions dans la région. »

Cela étant, l’appel lancé par Ban Ki-moon n’aura eu aucun effet. Et, le 29 janvier, l’Iran a procédé à un nouvel essai d’un missile balistique. Lancé depuis le site de Semnan, à 225 km à l’est de Téhéran, l’engin aurait parcouru environ 1.000 km avant d’exploser.

La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a fait part de « son inquiétude » étant donné que ces essais de missiles « entravent le processus de restauration de la confiance mis en place par l’accord de Vienne. » Même chose pour l’Union européenne.

« L’UE réitère son inquiétude quant au programme de missiles iranien et exhorte l’Iran à s’abstenir de toute action susceptible d’accroître la méfiance, comme des essais de missiles balistiques », a réagi une porte-parole de Federica Mogherini, la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Mais la réaction la plus vive est venue de Washington, dont les relations avec Téhéran connaissent un regain de tension. En effet, la diplomatie américaine a demandé une « réunion urgente du Conseil de sécurité » pour évoquer ce « tir de missile de moyenne portée. »

La nouvelle administration américaine a déjà averti qu’elle ne ferait aucun cadeau à l’Iran. Et le président Trump n’a jamais caché son hostilité contre l’accord sur le programme nucléaire iranien. Mais il lui sera compliqué de le « déchirer » comme il l’avait promis, il ne peut qu’exiger son application stricte. D’où la demande d’une réunion urgente du Conseil de sécurité.

Seulement, à Téhéran, on a une lecture différente de la résolution 2231. Ainsi, on estime que cette dernière ne concerne que les missiles dotés d’un ogive nucléaire. Or, comme le pays n’en a pas et qu’il a pris l’engagement de ne pas en développer, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, avait fait valoir que « nous ne concevons pas de missiles pour transporter des choses que nous n’avons pas. »

Dans cette affaire, l’Iran pourra compter sur le soutien de la Russie, où, là aussi, on a une interprétation différente du texte adopté par le Conseil de sécurité. « Le tir d’un missile de moyenne portée par Téhéran ne constitue pas une violation de la résolution de l’ONU sur le nucléaire iranien », a en effet estimé le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.

« Cette résolution ne comporte qu’un appel à l’Iran à ne pas mener de tirs de missiles capables d’être armés d’une tête nucléaire », a-t-il continué. « Un appel n’est même pas, en terme de logique pure, semblable à une interdiction. Ce n’est pas la même chose », a-t-il ajouté. Visiblement, à Moscou, « être tenu à » faire ou ne pas faire quelque chose, n’est vu pas vu comme une obligation…

(*) Page 108 de la résolution 2231

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