Les forces spéciales américaines ont mené une opération contre al-Qaïda au Yémen

 

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Pendant que les troupes gouvernementales yéménites, appuyées par une coalition dirigée par l’Arabie Saoudite, affrontent les rebelles Houthis et les partisans de l’ancien président Ali Abdallah Saleh, les jihadistes d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et, dans une moindre mesure, ceux de l’État islamique, tentent d’accroître leur influence et de prendre le contrôle de territoires, en particulier dans le sud et l’est du Yémen.

Aussi, les responsables de ces organisations jihadistes sont régulièrement visés par des drones Reaper et Predator américains, basés à Djibouti. Ainsi, en 2015, un certain nombre de chefs emblématiques d’AQPA, qui avait revendiqué l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo à Paris, ont été tués par des frappes aériennes attribuées aux États-Unis.

Et, depuis quelques semaines, les raids américains se concentrent sur la province d’al-Baydah, devenue a priori une plaque tournante d’ AQPA au Yémen. En effet, les 5 frappes aériennes recensées en janvier ont toutes eu lieu dans cette région.

Mais, le 29 janvier, le Pentagone a changé de mode opératoire pour neutraliser Abdulrauf al-Zahab, le responsable d’AQPA pour al-Baydah. Ce dernier avait déjà survécu à une frappe de drone en septembre 2012, contrairement à ses deux frères, Kaid et Nabil, qui, membres influents de l’organisation jihadiste, furent respectivement éliminés en août 2013 et en novembre 2014.

Ainsi, d’après les détails disponibles, l’opération américaine, planifiée depuis des mois par le Joint Special Operations Command, a commencé à l’aube par la frappe d’un drone sur la maison d’Abdulrauf al-Zahab, située dans la localité de Yakla. Puis des commandos de la Navy’s SEAL Team 6, d’après le New York Times, ont été déposés probablement par des V-22 Ospreys, appuyés par des hélicoptères d’attaque AH-64 Apache. Leur objectif était de récupérer du matériel informatique susceptible de contenir des renseignements sur les projets d’AQPA.

Pris sous le feu des jihadistes, les Navy Seals sont parvenus à mettre la main sur « des informations qui vont probablement donner un aperçu de la planification de futurs complots terroristes », d’après l’US CENTCOM, le commandement militaire américain pour le Moyen Orient et l’Asie Centrale. Au moins 14 combattants d’AQPA, dont Abdulrauf al-Zahab et deux autres chefs (Soltan al-Zahab et de Saïf Alawai al-Jawfi) ont été tués lors échanges de tirs. En outre, pour couvrir le retrait des commandos, les hélicoptères en appui auraient détruit d’autres maisons dans le voisinage.

Selon l’US CENTCOM, un militaire américain a perdu la vie au cours de cette opération et quatre autres ont été blessés. En outre, un « aéronef » a « connu un atterrissage forcé et brutal non loin du lieu » du raid, a-t-il précisé. Des témoins ont parlé d’un hélicoptère Apache. De même qu’AQPA, qui a affirmé l’avoir abattu. Mais a priori, à en croire le New York Times, il s’agirait d’un V-22 Osprey, qui, n’étant plus en mesure de décoller, a dû être détruit sur place.

Cependant, un responsable yéménite local a donné un bilan beaucoup plus élevé étant donné qu’il a évoqué la mort d’au moins 41 membres présumés d’AQPA ainsi que celle de 8 femmes et de 8 enfants (dont la fille de l’imam al-Aulaqui, tué par une frappe de drone en septembre 2011).

Il est rare de voir les forces spéciales américaines intervenir au sol au Yémen. Avant l’opération de Yakla, elles avaient échoué, à deux reprises (novembre et en décembre 2014), à libérer deux otages détenus par AQPA (Luke Sommers et Pierre Korkie). Enfin, en avril 2016, elles avaient soutenu l’offensive lancée à l’intiative des Émirats arabes unis pour reprendre le contrôle du port de Moukalla, alors occupé par les jihadistes.

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