Face aux jihadistes, six groupes rebelles syriens se placent sous la protection d’une faction salafiste

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Plus que jamais, les alliances et mésalliances entre les différents groupes armés qui composent la rébellion syrienne sont difficiles à suivre. Ainsi en est-il du Jaysh al-Mujahedeen (Armée des Moudjahidines).

À sa création, en janvier 2014, cette organisation, qui entendait combattre les jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh) comptait trois unités : le Harakat Nour al-Din al-Zenki, le Fastaqim Kama Umirt et la 19e Division de l’Armée Syrienne Libre (ASL).

La même année, les deux premiers groupes ,qui avaient déjà connu des affiliations multiples, quittèrent cette coalition pour rejoindre successivement le Front du Levant (al-Jabhat al-Sham), puis la coalition Fatah Halab puis, en 2016, l’Armée de la conquête (Jaish al Fatah), une alliance regroupant le Front al-Nosra (devenu Front Fatah al-Cham depuis sa prétendue rupture avec al-Qaïda) ainsi qu’Ahrar al-Cham, d’idéologie salafiste.

Ces changements d’alliances se font essentiellement au gré des circonstances, c’est à dire en fonction de la situation sur le terrain et des intérêts de chacun. Et cela même si un certaine proximité idéologique peut les favoriser. Ainsi, un groupe d’importance moyenne ou affaibli cherchera à s’allier avec un autre disposant d’armes et d’effectifs plus nombreux.

Et la chute d’Alep-Est, en décembre dernier, a de nouveau changé la donne… au profit du Front Fatah al-Cham. Alors que les pourpalers d’Astana, parrainés par la Russie et la Turquie, s’achevaient, ce dernier est passé à l’offensive, le 23 janvier, en s’en prenant d’abord à une base du Jaysh al-Mujahedeen située dans la province d’Idleb. Ce dernier, selon de deux de ses responsables, a rapidement été « écrasé » par les jihadistes.

Du coup, l’ASL a annoncé avoir lancé une « guerre globale » contre le Front Fatah al-Cham. Mais en réalité, l’initiative des hostilités à été prises par les jihadistes qui, après avoir terrassé le Jaysh al-Mujahedeen, ont attaqué plusieurs positions de groupes rebelles syriens d’inspiration nationaliste ou islamiste.

« Al-Nosra veut en finir avec l’ASL », a confié un chef de l’Armée syrienne libre à l’agence Reuters. « S’il y parvient, les factions qui étaient présentes à Astana seront anéanties », a-t-il ajouté.

L’ex-branche syrienne d’al-Qaida a justifié son offensive en accusant ces factions de l’ASL d’avoir « conspiré » contre elle lors des discussions d’Astana afin de « l’isoler ». Ces « conférences et négociations ont pour objectif de « tenter de détourner le cours de la révolution pour l’orienter vers une réconciliation avec le régime criminel de Bachar el-Assad », a-t-elle fait valoir.

Jusqu’à présent allié de l’ex-Front al-Nosra et absente de la conférence d’Astana, la puissante organisation Ahrar al-Cham a fini par prendre fait et cause pour l’ASL, au point d’intégrer dans ses rangs six autres factions rebelles qui s’en réclament, dont les Faucons du Levant, le Jaysh al-Islam, Jaysh al-Mujahedeen, Fastaqim Kama Umirt et le Front du Levant. Du moins, c’est ce qu’elle annoncé, via un communiqué, ce 26 janvier.

« Si les combats continuent et si une partie continue de commettre des injustices contre une autre, nous ne permettrons pas que cela se produise, quel qu’en soit le coût, même si nous devons en être victimes », avait prévenu, la veille, Abou Ammar al-Omar, le chef d’Ahrar al-Cham.

Dans son communiqué, l’organisation salafiste a averti que « toute attaque contre un des membres de cette alliance sera considérée comme une déclaration de guerre contre l’ensemble des factions la composant. » Mais plus qu’une alliance, ces 6 factions de l’ASL ont surtout trouvé une protection face à l’ex-Front al-Nosra.

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