Londres mis dans l’embarras après la révélation de l’échec d’un missile balistique Trident

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Dire que l’on possède l’arme nucléaire ne fait pas tout. Encore faut-il, pour avoir une dissuasion crédible, démontrer la capacité de pouvoir s’en servir le cas échéant. D’où des tirs de missiles balistiques (sans charge) effectués régulièrement ou bien encore, pour ce qui concerne plus particulièrement le cas de la France, la tenue d’exercices « Poker » pour les Forces aériennes stratégiques (FAS).

Et quand le tir, à titre d’essai, d’un missile balistique se passe bien, alors on ne mégote par sur la communication. En revanche, en cas d’échec, tout devient nettement plus compliqué, surtout quand une dissuasion nucléaire ne compte qu’une composante, avec un unique type de missile, comme c’est le cas du Royaume-Uni.

La révélation, le 22 janvier, par le Sunday Times, de l’echec du tir d’un missile Trident II D5, fourni par l’américain Lookheed Martin Space Systems, en juin dernier, met le gouvernement britannique dans l’embarras.

Comme cet essai à impliqué le sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) HMS Vengeance, qui venait de reprendre la mer après d’être vu installer un nouveau système de lancement de missiles lors d’un arrêt de plus de 40 mois, on peut comprendre que les autorités britanniques aient cherché à cacher cet échec. D’autant plus qu’il est survenu quelques semaines avant le vote, au Parlement, du renouvellement des moyens de la dissuasion nucléaire britannique.

Et, depuis l’article du Sunday Times, qui a appuyé ses révélations sur la foi de confidences faites par un haut responsable de la Royal Navy, le gouvernement britannique ne cesse de répéter, tel un mantra, toute sa confiance dans le missile Trident II D5. Mieux même : le ministre de la Défense, Michael Fallon, a même nié toute défaillance, lors d’une séance convoquée en urgence par la Chambre des communes, le 23 janvier.

« Contrairement aux informations de la presse du week-end, le HMS Vengeance et son équipage ont été testés avec succès et ont été certifiés comme aptes à rejoindre le cycle opérationnel », a en effet affirmé M. Fallon. « La capacité et l’efficacité de la dissuasion nucléaire indépendante du Royaume-Uni ne sont pas mises en doute », a-t-il même assuré.

Mais quand ça ne veut pas… ça ne veut pas. Au même moment, un responsable militaire américain a confirmé, auprès de CNN, la défaillance du missile balistique lancé par le sous-marin britannique. Ainsi, selon cette source, l’incident s’est effectivement produit en juin dernier, dans une zone située au large de la Floride, habituellement utilisée par l’US Navy pour ce genre de test. Et le Trident II D5 tiré par l’HMS Vengeance s’est autodétruit, conformément à une procédure automatique qui se met en route dès qu’une anomalie est détectée.

Du coup, Michael Fallon a de nouveau été mis en difficulté. « Le ministre de la Défense nous a conseillé de ne pas croire tout ce que nous lisons dans les journaux du dimanche. Mais devrions-nous croire ce qu’un fonctionnaire américain a dit pendant que nous sommes-là, assis, à débattre? », lui a lancé Mary Creigh, une députée de l’opposition travailliste, en faisant référence à l’information diffusée par CNN.

Là, le ministre britannique n’a pu s’en sortir qu’avec une pirouette, en affirmant qu’il n’avait « pas à commenter les détails des opérations menées par les sous-marins. » Et de répéter : « Le gouvernement a une confiance absolue en notre dissuasion et dans les équipages de la Royal Navy qui nous protégent ».

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