Dissuasion : Londres aurait caché l’échec d’un test de missile balistique mer-sol « Trident »

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Après avoir passé plus de 40 mois en cale sèche à Plymouyth pour un grand carénage et l’installation d’un nouveau système de lancement de missiles, le sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) HMS Vengeance a repris la mer en décembre 2015 pour mener une série d’essais.

Seulement, d’après l’édition dominicale du journal britannique The Times, qui s’appuie sur les confidences d’un responsable de la Royal Navy, le tir d’un missile balistique à capacité nucléaire Trident II D5, effectué dans le cadre des essais de ce SNLE, ne s’est pas vraiment passé comme prévu.

Lancé en juin 2016, au large de la Floride, l’engin aurait « connu une sérieuse défaillance » pour une raison qui « demeure top secret ». Selon cette source, le missile aurait dévié de sa trajectoire « pour se diriger vers les États-Unis » peu après avoir été tiré par le HMS Vengeance.

Et d’ajouter : « L’échec désastreux de notre premier test de notre dissuasion nucléaire en quatre ans a fait souffler un vent de panique au plus haut niveau gouvernemental et militaire » et le gouvernement a « décidé de le dissimuler » car il « savait à quel point l’information serait dommageable pour la crédibilité de notre capacité de dissuasion nucléaire si elle était rendue publique. »

Outre-Manche, cette révélation du Sunday Times suscite une vive polémique dans la mesure où Mme le Premier ministre Theresa May n’a pas évoqué cet échec au moment du vote, en juillet, sur le renouvellement des moyens de la dissuasion nucléaire britannique, laquelle repose exclusivement sur 4 SNLE armés de missiles Trident II D5, conçu par l’américain Lookheed Martin Space Systems.

Interrogée sur cet échec lors d’un entretien accordé à la BBC, le 22 janvier, Mme May a été évasive. « Quand j’ai prononcé ce discours à la Chambre des communes, nous parlions de renouveler ou non notre programme Trident, nous ne parlions pas de savoir s’il nous faut ou non des missiles Trident », a-t-elle dit.

« Il y a des tests qui ont lieu tout le temps, régulièrement, par nos moyens de dissuasion nucléaire. Ce qui était en jeu dans ce débat était l’avenir », a insisté Mme May, qui a dit sa « foi absolue » dans les missile Trident britanniques.

Plusieurs responsables politiques ont demandé une enquête sur l’échec de ce tir de missile ainsi que plus de transparence sur cet incident, comme l’ont fait Nicola Sturgeon, Mme le Premier ministre d’Écosse, où son basés les SNLE britanniques, et Jeremy Corbyn, le chef de l’oppostion travailliste.

« Les partisans et adversaires de Trident auraient dû être informés au Parlement et le fait que Theresa May ne l’ait pas fait est extrêmement préoccupant. Je crois que des questions se posent à propos de ça », a estimé John McDonnell, le ministre des Finances du « Shadow Cabinet ».

Proche du Parti travailliste, l’amiral Lord West, ancien chef d’état-major de la Royal Navy, n’a pas ménagé ses critiques, fustigeant une attitude digne de l’ex-Union soviétique, de la Corée du Nord ou de la Chine. « Si un tir se passe mal, vous devez le dire, sauf si quelque chose de fondamentalement mauvais suggère que l’ensemble du système n’est plus viable », a-t-il fait valoir sur les ondes de la BBC.

Cet échec, qui n’est pas sans rappeler celui du tir d’un missile M-51 par le SNLE français « Le Vigilant », en mai 2013, est le premier depuis 1989 pour le Trident II D5. En tout, fait valoir Lockheed-Martin Space Systems, 157 tirs de cet engin ont été effectués avec succès jusqu’en novembre 2015.

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